Dix Casques bleus égyptiens de la Mission des nations unies en Centrafrique (Minusca) ont été blessés lundi par des tirs de la garde présidentielle à Bangui, a annoncé mardi l’ONU, condamnant « une attaque délibérée et inqualifiable ».
« Les éléments de l’Unité de Police Constituée égyptienne », qui circulaient dans un bus, « ont essuyé des tirs nourris de la garde présidentielle sans sommation préalable ni riposte aucune, alors qu’ils n’étaient pas armés », a assuré l’ONU dans un communiqué. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés.
Classée deuxième pays le moins développé au monde par l’ONU, la Centrafrique a été plongée dans une guerre civile sanglante après un coup d’Etat en 2013. Ce conflit perdure mais a considérablement baissé d’intensité depuis trois ans, même si des pans entiers de territoires continuent d’échapper au pouvoir central.
La Minusca, dont le mandat vient à échéance le 15 novembre, compte près de 12.000 militaires et représente une des opérations les plus coûteuses de l’ONU avec un budget annuel dépassant le milliard de dollars.
En quittant la zone après les tirs, à 120 mètres environ de la résidence présidentielle, le bus « a heurté une femme qui a perdu la vie », a ajouté la Minusca qui « a présenté ses condoléances à la famille de la victime lors d’une rencontre en fin de journée ».
Bus identifié
Ces éléments de l’unité de police étaient arrivés dans la journée de l’aéroport de Bangui dans le cadre de la rotation périodique et du déploiement des troupes en Centrafrique. Ils se dirigeaient vers leur base dans un bus clairement identifié « avec les initiales UN », selon Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca.
Sollicitées par l’AFP, les autorités centrafricaines n’avaient pas réagi mardi à la mi-journée.
Mi-octobre, le chef de l’ONU, Antonio Guterres avait dénoncé « des incidents hostiles » ciblant des Casques bleus et impliquant « des forces de défense et de sécurité déployées bilatéralement » qui se poursuivaient à « un niveau inacceptable ». Selon l’organisation, les attaques contre son personnel sont susceptibles de « constituer des crimes de guerre ».
L’ONU avait également dénoncé « la persistance de campagnes de désinformation » à l’encontre de la Minusca.
« De telles actions empêchent l’accomplissement du mandat, mettent en danger les vies des Casques bleus et sont en contradiction avec des engagements du président Faustin Archange Touadéra et du gouvernement », avait affirmé M. Guterres, en réclamant aux autorités centrafricaines « des mesures concrètes » pour y mettre un terme.
« Graves violations »
Il évoquait également « de graves violations », comme « l’entrave à la liberté de mouvement des patrouilles de la Minusca, l’arrestation ou la détention de (ses) membres », des « menaces » et des « tentatives de fouille de véhicules et de résidences du personnel des Nations Unies ». Sept attaques hostiles contre des membres de la Minusca et 18 cas de harcèlement routier par les forces de sécurité nationale ont notamment été enregistrées par l’ONU entre le 1er juin et le 1er octobre.
Le président Touadéra a décrété le 15 octobre un « cessez-le-feu unilatéral » de son armée et ses alliés dans leur guerre contre les rebelles pour favoriser l’ouverture prochaine d’un dialogue national. Une décision saluée par M. Guterres comme « une étape cruciale » vers la paix.
En décembre 2020, une partie des groupes armés qui occupaient alors plus des deux tiers du pays, regroupés au sein de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), ont lancé une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra. Celui-ci a sollicité Moscou et Kigali, qui ont dépêché des centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais à la rescousse d’une armée centrafricaine démunie.
Grâce essentiellement au soutien des Russes et des Rwandais, elle a depuis reconquis toutes les grandes villes et repoussé les rebelles dans les forêts. Mais ces derniers multiplient les attaques furtives ces dernières semaines, loin de la capitale Bangui.
Avec Voafrique