Monsieur Le Président De La République
Je veux commencer par vous souhaiter mes meilleurs vœux, puisse l’Éternel Dieu vous accorde encore la force et la sagesse pour redonner aux Guinéens et à la Guinée une image digne d’un peuple et d’un pays souverains.
Si je prends la peine de vous adresser cette lettre ouverte aujourd’hui, Monsieur le Président, c’est simplement parce que vous vous êtes levés comme plusieurs d’entre-nous pour ce qui nous unit tous : LE SORT DE NOTRE PAYS, la République de Guinée.
Je vous adresse cette lettre pas en tant qu’un ambitieux politique qui veut être maire, député, président, ministre, marionnette et renégat envers son peuple. Cet ambitieux politique qui s’en fout de tout le monde. Et qui ne travaille que pour ses ambitions et est prêt à faire des compromissions
Mais je vous l’adresse en tant qu’un jeune nationaliste guinéen qui a décidé de rester dans son pays et de ne jamais le fuir en faisant le serment de le servir dans l’espoir qu’un il se développera et il émergera. Ce jeune nationaliste qui rêve d’une Guinée plurielle, jeune, démocratique et libéré d’un système oligarchique qui a pris en otage nos institutions républicaines.
Monsieur le Président
Après trente-deux ans du déclenchement du multipartisme, la Guinée compte actuellement près de trois-cents partis politiques dont la plupart n’ont pour activités que leur alliance à certains « grands partis », leur allégeance à certaines personnalités ainsi que leurs déclarations faites en vue de mieux se positionner chaque fois que s’approchent des grands enjeux( élections, dialogues, concertations, remaniement du gouvernement ou nominations dans les organes ou les entreprises de l’État) impliquant la distribution des postes.
Dans cette lettres non exhaustive, je ne prends en compte que la période allant de 1990 à ce jour, il est important de rappeler que le multipartisme, tel que vécu et expérimenté dans notre pays est un échec cuisant. Plutôt que d’alourdir inutilement l’atmosphère politique et de dérouter continuellement la population avec des partis politiques qui ne conquerront et n’exerceront jamais le pouvoir. Est-ce qu’il n’est pas important monsieur le Président d’envisager, dans le cadre de la décentralisation, l’institution des partis politiques essentiellement provinciaux ?
L’idée pourrait paraître bizarre et révolutionnaire et pourtant certains pays comme le Canada l’expérimentent harmonieusement au profit du peuple et dans le cadre du fédéralisme ou de la décentralisation. Il suffit simplement que le Ministère de l’Intérieur soit moins complaisant notamment en ce qui concerne l’agrément et l’implantation des partis politiques dans toutes les provinces pour que cesse automatiquement la distraction du multipartisme sauvage qui pollue chaque jour la vie et l’atmosphère politiques de notre pays.
La politique au niveau national ne serait dans ce cas réservée qu’aux seuls partis et leaders « vertébrés » qui auront à convaincre l’électorat aussi bien par leur idéologie que par leur projet de société.
S’ils ne veulent pas disparaitre, tous les autres anciens et futurs leaders auront le choix soit de se ranger derrière les partis avec qui ils partagent la même idéologie et le même projet de société soit d’aller animer la vie politique dans leurs provinces d’origine aux conditions que leur aura fixées le législateur dans le but d’éliminer les considérations claniques, tribales et ethniques et d’éviter leur léthargie.
Monsieur le Président
Ci-dessous, quelques pistes de solutions et d’exemples des conditions exigées aux partis politiques provinciaux du Canada pour obtenir leur reconnaissance parlementaire provinciale :
« En Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan, un parti politique doit avoir deux députés ou plus pour obtenir la reconnaissance parlementaire.
En Colombie-Britannique et au Manitoba, le nombre minimum de députés est de quatre, alors qu’en Ontario un parti doit faire élire huit députés pour obtenir la reconnaissance
En Alberta, un « parti d’opposition reconnu » est un parti qui fait élire au moins quatre députés à l’Assemblée et qui a recueilli au moins 5 % du vote populaire à la dernière élection générale.
À Terre‑Neuve‑et‑Labrador, les Standing Orders of the House of Assembly prévoient que, pour être reconnu comme groupe parlementaire, un parti politique doit être un parti enregistré conformément à la loi électorale, avoir disputé les deux tiers des sièges à l’Assemblée législative à la dernière élection générale et avoir fait élire au moins trois députés.
Au Québec, un groupe parlementaire est constitué d’au moins 12 députés ou d’un groupe de députés, quel que soit leur nombre, appartenant au même parti politique ayant obtenu 20 % ou plus du vote populaire à la dernière élection générale.
De même, au Nouveau-Brunswick, pour être reconnu, un parti doit avoir fait élire cinq députés à l’Assemblée ou recueilli 20 % du vote à la dernière élection générale. »
Dans le cas de la Guinée, ces partis politiques et leurs leaders auraient la facilité non seulement de s’implanter mais aussi et surtout de se rapprocher véritablement de leurs bases naturelles dont ils vont côtoyer les réalités du vécu quotidien afin de les transformer en programmes de gouvernance.
Au Canada, il existe même des partis politiques urbains ou municipaux. Et c’est le peuple qui est bien servi en participant à la démocratie de proximité.
Monsieur le Président
Il est important de rappeler à la nationale guinéenne que pour que s’instaure le multipartisme dans notre pays, des milliers de compatriotes ont perdu soit leur liberté, soit leurs biens et d’autres encore leurs vies. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui continuent de perdre leur liberté et leurs vies pour que s’instaure la démocratie et l’État de droit, impliquant l’alternance au pouvoir. Le multipartisme qui aurait pu être un des piliers et un des catalyseurs de cette démocratie est malheureusement devenu la source principale des crises politiques et de contestation de légitimité et surtout un frein à l’avènement de la véritable démocratie.
Pour terminer cette lettre, exposant une certaine piste de solution sur le multipartisme qui pollue l’atmosphère politique de notre pays, j’aurais voulu attirer votre attention et celle des intellectuels sur la nécessité de repenser le mode de participation des partis politiques à la conquête et à l’exercice du pouvoir. Tout en redoutant l’adhésion de la classe politique guinéenne, majoritairement habituée à nager dans la boue, j’estime que pour mettre fin à ce multipartisme sauvage, la solution efficace passerait par l’application rigoureuse de la loi et par l’institution des partis politiques provinciaux. Sinon, dans l’avenir on ne fera que tourner en rond.
Il suffit de consulter la composition des familles politiques qui les regroupent pour s’en convaincre : « A la différence des pays où la démocratie est une réalité vivante et où généralement la bipolarité se construit en termes des partis de gauche et de ceux de droite, en Guinée c’est autour des individus, actuellement appelés « autorités morales », que se regroupent les partis politiques. Ainsi, il y en a qui se créent ou qui adhèrent à la majorité présidentielle avec pour seul objectif annoncé, de soutenir le Chef de l’État.
C’est pour cela qu’à mon avis, tout ceci n’est possible qu’avec la démocratie de proximité passant par l’institution des partis politiques provinciaux évoluant parallèlement avec des partis nationaux réellement implantés sur tout le territoire guinéen.
Gloire immortelle aux martyrs de la démocratie !
Force et honneur aux peuples !
Fabien BANGOURA
Écrivain Révolutionnaire