Le 5 septembre 2021, le peuple de Guinée, assistait à la naissance d’un enfant baptisé : Refondation. Son géniteur l’a tellement bien maquillé, que la majorité des guinéens a fini par le caresser et l’adopter chacun dans son cœur telle une religion. Cet enfant prodige annoncé, devrait mettre fin à la souffrance de plus de 12 millions de Guinéens. Il a promis de nous rassembler autour des valeurs communes pour l’atteinte de nos aspirations les plus légitimes, grâce aux orientations d’une boussole appelé : La Justice. Deux ans après, cet enfant chouchou guinéens rassure moins sur sa croissance rapide. On pose la question si le rêve a-t-il été interrompu ou si nous pouvons continuer à espérer que la refondation va grandir ?
Eh oui ! Pour avoir assisté à la naissance et au baptême de la refondation, nous sommes en droit de poser des questions sur cet enfant que nous avons tous adoubé et adulé. La raison de la chouchouterie du bébé refondation est toute simple. Elle est née à la suite d’une tempête qui a accouché du 3ème mandat baptisé au nom du Gouverner autrement mais qui avait complètement affaibli le piroguier national de Jacque Lewa Leno.
La période était donc aride. Certains guinéens étaient grabataires de la galère, d’autres pavanaient dans le bonheur. Le naufrage était donc inévitable car la nature ne montrait plus un climat favorable à une navigation sans pagaie. Mais nous avons fait dans l’entêtement avec les fausses assurances du gouverner autrement qui a fini par faire couler la barque.
C’est ainsi que survint brusquement le 5 septembre 2021, une opération de sauvetage d’un géant chalutier, alors que l’embarcation attendait désespérément le secours en haute mer. La refondation est née là pour redonner espoir aux 12 millions de passagers. Il y a exactement deux ans de cela.
Deux ans que la refondation nous fait rêver. Deux ans qu’elle nous fait espérer. Deux ans que la refondation nous fait attendre la réalisation des promesses qu’elle nous a tenues le 5 septembre, jour de sa naissance.
D’abord, parlons de la situation sociopolitique du pays. La refondation nous a promis que la personnalisation de la vie politique était terminée, que la politique serait désormais confiée au peuple et qu’aucun guinéen ne devrait plus mourir pour la politique. Malheureusement, la trentaine de morts a été atteinte au 2ème anniversaire du 5 septembre, rien que pour des raisons politiques. Où était la refondation pendant ces tueries ?
L’autre promesse de la refondation, était de mettre un terme au dysfonctionnement des institutions républicaines. Combien d’entre elles existent à ce jour et qui jouent convenablement leurs rôles à la satisfaction des citoyens ?
La question de la justice était tellement capitale pour la refondation qu’elle en a fait sa boussole. Deux ans après, les justiciers eux-mêmes crient à l’injustice et à l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire. A quel sein les justiciables vont devoir se vouer désormais ?
Le 5 septembre, la refondation s’est aussi indignée face au piétinement des droits des citoyens et l’irrespect des principes démocratiques. Aujourd’hui, elle-même s’est couverte d’une blouse teintée de violations des mêmes principes. Il ne lui reste plus assez pour se faire noyer entièrement dans des pratiques monarchistes, comme pour dire que les ordres du parrain remplacent désormais les lois et principes démocratiques. Où est la morale ?
De la politisation à outrance de l’administration sous le règne du piroguier de Lewa, nous sommes tombés dans le paternalisme administratif, où le parrainage est désormais la clé pour accéder à des hautes fonctions de l’Etat.
La gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique tant dénoncées, sont effectivement re-fondées et réhabilitées au lieu d’être réprimées et éradiquées.
Au fil dans ans, l’intransigeant Parrain, est devenu le complaisant Président. L’infaillible Colonel est devenu l’accommodant chef d’Etat. La main non tremblante a finalement disparu. Depuis, des vauriens chômeurs, se sont vêtus du manteau de parrain pour dicter à leur tour des lois et principes propres à eux-mêmes. Maintenant, les erreurs du passé sont devenues les règles du présent.
A bon entendeur, salut mon Colonel !
Mamoudou Babila KEITA, Journaliste.