Située à 400km de la ville de Conakry, Timbi Madina est une sous préfecture de Pita qui a une vocation agropastorale. Ici, les femmes évoluent en groupements de travail, affiliés à la fédération des paysans de Fouta Djallon, qui a pour rôle d’accroitre le revenu des paysans par le développement de cinq filières de production à savoir : la pompe de terre, l’oignon, la tomate, le riz et le maïs. Pour en savoir plus sur les activités agricoles de ces femmes, notre reporter s’est rendu récemment dans la localité de Timbi pour voir de très près la chaine de production. Par conséquent, il a accordé une interview à un technicien de la fédération.
Nous vous proposons de lire l’intégralité cette interview.
Bonjour, présentez-vous à nos nombreux lecteurs ?
Je m’appelle Mamadou Sylla Ingénieur agronome conseillé au sein de la fédération des paysans de Fouta Djallon.
www.guineeprogres.net: Quel est l’objectif de la fédération paysanne de Fouta Djallon ?
Mamadou Sylla : La fédération des paysans de Fouta Djallon , est avant tout une organisation des producteurs dénommée ‘’organisation paysanne’’ qui regroupe beaucoup de producteurs évoluant dans 10 préfectures de la Moyenne Guinée. Alors, la moyenne Guinée est repartie sur trois régions administratives MAMOU, LABE et la zone de Boké. Mais naturellement, en moyenne Guinée, c’est dans les 10 préfectures dont l’organisation paysanne de Fouta Djallon intervient. Elle a reçu à fédérer au moins 1300 groupements qui sont dans 46 unions et quelques zones qui ne sont pas encore structurés et formalisés en union. Ce sont des producteurs de pomme de terre,’ d’oignons de tomates, du riz et de Maïs. Spécifiquement à Timbi Madina, c’est une zone de production de pommes de terre. Donc, tous les groupements qui sont là, produisent de la pomme de terre.
C’est seulement les pommes de terre qui sont cultivées par vos membres à Timbi Madina ?
Mamadou Sylla : Non pas seulement les pommes de terre, mais sur le plan Structurel, la fédération les aide à produire de la pomme de terre. Au-delà de la pomme de terre, les producteurs font d’autres choses, ils cultivent le riz après le maïs et l’arachide. Donc, ils font plusieurs cultures dans la sous préfectures de Timbi Madina notamment la pomme de terre, le riz, le maïs etc…
COMMENT VOUS GEREZ TOUT CELA ?
Mamadou Sylla : Pour gérez tout cela, disons que la fédération a une équipe technique qui l’aide à structurer le monde paysan afin d’aller dans les groupements, d’aider les producteurs sur le plan technique et tout cela est fédéré par le bureau exécutif de la fédération qui manage. Donc, nous nous sommes sous la coupe du bureau exécutif de la structure.
Qui parle de la production parle de l’écoulement des produits, comment cela se passe ?
Mamadou Sylla : Disons que nous allons nous recentrer sur la filière phare que nous avons ici, la pomme de terre. Après la production, nous avons des commerçantes qui prennent nos produits et les écoule sur Conakry. Ils ont des clients à Conakry et de la Serra-Leone .Donc, cette production n’est pas seulement consommée qu’à Conakry, une partie de la production se retrouve en sierra Leone.
Sur cet aspect, est-ce c’est vous qui vendez à la place des productrices ?
Mamadou Sylla : Nous sommes des interfaces entre les producteurs et les commerçantes, L’Etat guinéen nous a donné il y a une dizaine d’année de cela, une plate forme de commercialisation de pommes de terre qui constitue des deux chambres froides. Ces deux chambres froides ont une capacité de conservation de prés de 2000 tonnes de pommes de terre. Ce qui est très loin du besoin, mais, déjà nous avons ça, qui nous permet de structurer un certain nombre de comité de gestion. Ce comité de gestion de la plate forme est constitué des femmes commerçantes et de gestionnaires de la plate forme. Donc, à la récolte, ce comité achète la production et la conserve dans la plate forme. Ceci, pour essayer de désengorger un peu le marché. Par ce que, La récolte se situe dans un mois, si tout le monde récolte à la fois, il n y aura pas la possibilité de conservation. Ça constitue quelque part une difficulté d’écoulement des produits. Ce qui fait que nous conservons une partie et l’autre partie est mise sur le marché
Combien de quantité de pommes de terre, produisez –vous annuellement ?
Mamadou Sylla : La production de pomme de terre par an se situe environ de 35000 tonnes de la région de la moyenne Guinée. Maintenant , si nous recentrons sur Timbi Madina, vous avez environ 70% de cette production qui se situe dans les plaines de Timbi, les 25000 tonnes sont concentrées dans ces zones là.
Est-ce qu’on peut avoir une idée sur la zone qui produit de plus ?
Mamadou Sylla : Je disais plutôt qu’il ya 5 préfectures qui produisent de la pomme de terre. Il ya Mamou, Dalaba ,Pita, Labe et Mali yembere. Parmi les 5 préfectures, celle qui produit plus, c’est PITA donc Timbi Madina fait partir.
Le Climat guinéen ainsi que son sol sont très favorables à l’agriculture, mais la Guinée n’arrive toujours pas à atteindre l’autosuffisance alimentaire, comment peut-on expliquer cela?
Mamadou Sylla : Généralement, partout où les conditions de vie naturelles sont favorables, les gens sont paresseux il faut se le dire. Sinon, on ne peut pas dire que le Mali qui est un peu sahélien produit plus de la pomme de terre que la Guinée qui reçoit 1500 mil d’eau par an .Donc, les conditions de vie sont favorables à la Guinée, mais les guinéens excusez-moi du terme, sont paresseux. Donc, c’est un paradoxe, sinon on pourrait être auto suffisant. Mais, il faut se mettre au travail et si vous voyez la majeure partie de la population guinéenne est concentrée dans les centres villes et ce n’est pas dans les centres villes qu’on peut produire. C’est dans les villages, c’est là où il ya des potentielles agricoles il faut y aller. si vous prenez aujourd’hui notre capitale qui est Conakry, il ya au moins entre 25% à 30% de la population qui est concentrée là-bas, pour quoi faire alors que tous ces gens là sont originaires d’un village. Certains, ils pourraient se retourner pour se mettre au travail et ils pourraient vivre mieux dans les villages que de rester à Conakry à déambuler en longueur de la journée et que rien ne marche.
Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain ?
Mamadou Sylla : Absolument. Il ya beaucoup de difficultés. En premier lieu, il ya des problèmes climatiques. Aujourd’hui, on assiste ce qu’on appelle changement climatique. Nous produisons par ce qu’on n’a de l’eau. Mais à présent, l’eau commence à manquer sérieusement. Si on ne fait pas attention dans quelques années tous les efforts qui sont fournis depuis là, vont tomber dans l’eau. Il faut parvenir à résoudre ce problèmes d’eau.les organisations paysannes à elles seules ne peuvent pas faire face à ses difficultés là. Il faut que l’Etat et les partenaires financiers interviennent. il ya aussi les aménagements Hydro-agricoles qu’il faut faire pour arriver à cette maîtrise d’eau. Il ya le désenclavement des zones de production. Vous êtes venus en saison sèche, si c’était en saison de pluie, vous verrez des flaques d’eau sur des routes qui les rendent impraticables.
Même si vous produisez, vous avez de la difficulté à transporter les produits, donc à atteindre le marché.
Donc, l’enclavement des zones de production constitue l’une des difficultés, aussi, je ne finirai pas de citer tous les difficultés que nous rencontrons. Mais, principalement, je pourrais me limiter à ses deux préoccupations. Si cela est résolu, on a résolu une bonne partie des problèmes.
Je vous ai parlé tantôt de cette plate forme de conservation qui a la capacité de 2000 tonnes, mais nous produisons 1500 tonnes, vous voyez la différence ?. On n’a même pas 5% dans la capacité de conservation de la production. Il aurait fallu avoir 5 ; 6 plates formes dans les différentes zones de productions notamment Mamou,Dalaba Pita,labé et Mali. Ça permet de conserver les produits et d’écouler au fur et à mesure.
La fédération regorge combien de groupements ?
Mamadou Sylla : La fédération des paysans de Fouta Djallon regroupe environ 1300 groupements pour un effectif total de 35000 membres.
Comment cela est reparti ?
Je vous ai dit tout à l’heure que la fédération intervienne dans dix préfectures de la moyenne Guinée. Malheureusement, je n’ai pas la statistique mais je ne peux vous donner que cette répartition spatiale de la fédération. Les statistiques existent mais d’autres personnes sont chargées de gérer cela, donc je ne peux m’hasarder à donner des chiffres.
Quel rapport existe-t-il entre la fédération et l’Etat guinéen?
Mamadou Sylla : C’est de très bon rapport, nous existons par ce que c’est une volonté de l’Etat qui a promulgué une loi régissant l’organisation des producteurs donc c’est déjà une première volonté. Cette relation de partenariat là, c’est déjà bien pour nous. L’Etat guinéen envoie des intra-agricoles pour tous les producteurs membres, il facilite beaucoup de choses pour les producteurs.
Au-delà de cela qu’est-ce que vous voulez que l’Etat vous aide ?
Mamadou Sylla : Comme je l’ai dit, il y a des difficultés, bien sûr que l’Etat a beaucoup fait, mais il reste encore.il ya le problème de conservation qui n’est pas tout à fait régler. Il faut que l’Etat nous aide à trouver la conservation au moins pour 50% de production. Ca, c’est une de doléance qu’on demande à l’Etat. Ensuite, je vous ai parlé désenclavement des zones de production, c’est un rôle régalien de l’Etat, nous ne pouvons pas le faire. Si l’Etat fait face, c’est bien ça. C’est une difficulté que nous faisons connaitre. Nous voulons que l’Etat nous aide à résoudre ces problèmes.
Les doléances sont nombreuses, prenons l’agriculture, ça passe nécessairement par les équipements agricoles, c’est les tracteurs, les motos-pompes, les motocultures, des machines batteuses pour ceux qui travaillent. Pourtant, l’Etat a envoyé tout cela pour certains groupements, mais nous nous sommes maraîchers.
Il ya certain besoins qui sont là, c’est réel et dont nous demandons à l’Etat de faire face. Je dois dire que la fédération paysanne de Fouta Djallon est d’abord membre de l’organisation paysanne de Guinée qui est aussi est membre du réseau africain. Nous sommes structurés de telle manière.
Peut-on connaitre les Perspectives de la fédération des paysans de Fouta Djallon ?
Mamadou Sylla : Les perspectives pour les années à venir, nous ambitionnons continuer le développement de nos filières que nous encadrons et en structurés d’autres actuellement. Je vous ai dit au départ qu’on a cinq filières, pour quoi ne pas aller sur d’autres filières au bénéfice de nos adhérents ? Mais, tout cela ne sera possible sans l’aide de l’Etat en premier lieu et des partenaires financiers.
Je n’aurai pas voulu personnaliser les choses, mais, il est à la base de ce mouvement social, important et qui ne date pas aujourd’hui. Si la fédération des paysans de Fouta Djallon a existé depuis 26 ans, c’est grâce à leadership de son président Moussa Para qui a pu sur fédérer ses compétences pour développer l’organisation. Un leader d’un groupe est un locomotif pour ce groupe. Mais, il a derrière lui une équipe, il s’est se reposé sur d’autres personne qui l’aide à atteindre son objectif pour l’organisation. Donc, c’est un bon manager, sinon l’organisation ne serait pas là où elle est aujourd’hui.
Aboubacar Soumah envoyé spécial de Timbi Madina