Il est des mois qui changent le destin des nations. Septembre en fait partie. En France comme en Guinée, septembre a marqué un tournant décisif dans l’histoire institutionnelle des peuples. À soixante-sept ans d’écart, deux généraux, deux peuples, deux contextes, mais une même volonté : rompre avec l’impasse et refonder l’État.
28 septembre 1958 : De Gaulle et la République du sursaut
À l’aube de la Cinquième République française, la France était secouée par la guerre d’Algérie, l’instabilité gouvernementale et la crise des institutions de la Quatrième République. Dans ce chaos politique, le Général Charles de Gaulle émerge comme l’homme providentiel. Appelé au pouvoir, il propose au peuple une nouvelle Constitution, soumise au référendum le 28 septembre 1958 qui visait également à la création de la Communauté française en Afrique française de l’époque. Ce texte marque la naissance d’un régime présidentiel fort, d’une République moderne, recentrée sur l’autorité de l’État et la responsabilité du pouvoir exécutif. Le peuple français répond massivement « oui », redonnant ainsi souffle et stabilité à son pays.
Septembre 2021 : Mamadi Doumbouya, le sursaut guinéen
Un autre septembre, un autre général. Le 5 septembre 2021, en Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya, aujourd’hui Général, met fin à une présidence à vie déguisée, en renversant Alpha Condé après sa tentative controversée de s’octroyer un troisième mandat. Il ouvre ainsi une nouvelle page de l’histoire guinéenne. Dans un contexte d’aspiration profonde au changement, au dépassement du chaos politique, de l’instrumentalisation ethnique et de la corruption, le CNRD engage un processus de refondation.
Vers une Cinquième République guinéenne : une Constitution pour rassembler, non pour dominer
Le 21 septembre 2025, date envisagée pour le référendum sur la nouvelle Constitution, s’annonce déjà comme une autre césure historique. Comme en France, cette Constitution guinéenne est portée par un Général. Comme en 1958, elle entend mettre fin à une ère d’instabilité chronique. Mais à la différence de celle adoptée sous la pression des idéaux importés de la Conférence de La Baule, cette nouvelle Loi fondamentale veut être l’émanation d’un consensus national, non le fruit d’une imitation, mais une Constitution qui nous ressemble et nous rassemble.
Elle vise à rompre avec une tradition démocratique mimée, où les institutions n’étaient que des façades, et à instaurer un ordre politique fondé sur la responsabilité, la justice sociale et la souveraineté réelle. Ce sera une démocratie de conviction, enracinée dans nos réalités, et non plus une démocratie de convenance, dictée par l’extérieur.
Et si le peuple de Guinée faisait en septembre 2025 comme le peuple français en septembre 1958 ?
En 1958, après avoir plébiscité la nouvelle Constitution, le peuple français élira son Général à la tête de la République en 1959. Et si le peuple guinéen, à son tour, décidait d’élire le Général Mamadi Doumbouya comme premier Président de cette Cinquième République guinéenne ? Non comme un homme providentiel, mais comme l’incarnation de cette rupture, le garant de la refondation et le symbole de la souveraineté retrouvée.
De Gaulle en 1958-1959. Doumbouya en 2021-2025. Deux hommes, deux ruptures, deux peuples à un carrefour de leur histoire. Si le 28 septembre a donné à la France sa Cinquième République, le 21 septembre pourrait bien offrir à la Guinée la sienne. Une République qui ne soit plus l’ombre d’un modèle étranger, mais la lumière d’un espoir proprement guinéen.
Le destin n’écrit pas l’histoire ; ce sont les peuples qui la gravent dans la pierre. Et cette pierre, pour la Guinée, pourrait bien s’appeler la Cinquième République du peuple refondateur.
Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens.
Honorable Cheick Tidiane Traoré
Secrétaire Exécutif National de la Synergie GMD25