Le développement des projets GBT et Axis s’accompagne aujourd’hui d’un litige judiciaire aux ramifications complexes. L’homme d’affaires russe Alexandre Zotov, qui avait réuni autour de lui des experts et partenaires locaux tels qu’Ahmed Kanté, Philippe Roger et Claude Lorcy, accuse ces derniers d’abus de confiance et de concurrence déloyale.
Des investissements colossaux et une scission au sein de l’équipe
Dans le cadre de ces projets, Alexandre Zotov déclare avoir investi plusieurs millions de dollars pour financer des études géologiques et géotechniques, construire des infrastructures stratégiques et établir un partenariat clé avec SD Mining. L’objectif était de garantir la viabilité et la compétitivité de ces initiatives.
Cependant, au fil du temps, des tensions ont émergé. Selon Zotov, certains de ses anciens collaborateurs auraient utilisé les études et données financées par lui pour créer une société concurrente, GIC, sans son consentement. Estimant avoir été victime d’une manœuvre frauduleuse, il a porté l’affaire devant la justice guinéenne, poursuivant Ahmed Kanté, Philippe Roger et Claude Lorcy pour abus de confiance et concurrence déloyale.
Un revirement stratégique et une coopération judiciaire avortée
Initialement alliés, Ahmed Kanté et Claude Lorcy ont progressivement pris des chemins divergents. Des désaccords internes sur la gestion des actifs contestés ont mené à une rupture entre les deux hommes.
Dans ce contexte, Claude Lorcy aurait entamé une coopération active avec la justice, livrant des éléments considérés comme compromettants sur les agissements de ses anciens associés. Ce changement d’attitude a renforcé les tensions, d’autant plus que son décès soudain en septembre 2023 est survenu alors qu’il collaborait avec les autorités.
Lorcy a coopéré avec les autorités et a révélé la vérité sur ce qui s’est passé avec Zotov et son projet. Il a confirmé que GIC avait été créé pour remplacer ABC dans la coentreprise avec SD Mining.
De plus, Lorcy a fourni des informations supplémentaires et a engagé une procédure devant le Crief contre Kante concernant une affaire différente (ou similaire), qui est désormais menée par son épouse. Tous ces événements ont eu lieu en 2023.
Après avoir déposé le dossier au Crief, Lorcy s’est rendu à Paris pour un bilan de santé, qui s’est bien passé. Il est ensuite retourné à Conakry, où il est décédé dans des circonstances très étranges.
Toutefois, après son retour, il aurait été confronté à une série d’obstacles inhabituels, avant de décéder dans des circonstances encore floues. Étrangement, aucune enquête approfondie n’a été ouverte pour clarifier les causes exactes de sa mort, alimentant ainsi les interrogations.
Convaincue qu’il ne s’agit pas d’un simple décès naturel, la veuve de Claude Lorcy a décidé de poursuivre la procédure de plainte déposée par son feu mari contre Ahmed Kanté devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Cette action en justice pourrait relancer l’affaire sous un nouvel angle, en élargissant les investigations sur les relations entre les différents protagonistes.
Un dossier sous haute tension
Aujourd’hui, la justice guinéenne poursuit son examen minutieux des faits et responsabilités de chaque partie. L’affaire Zotov, au-delà du conflit d’intérêts qu’elle soulève, met en lumière les enjeux économiques majeurs entourant les grands projets industriels et miniers en Guinée.
Si les poursuites engagées par Zotov pour abus de confiance et concurrence déloyale suivaient déjà une trajectoire judiciaire sensible, la plainte de la veuve de Claude Lorcy vient ajouter une nouvelle dimension à ce dossier.
Une question demeure : le décès de Claude Lorcy était-il une coïncidence ou un élément clé d’une affaire aux ramifications bien plus profondes ?
O.T.B