Algérie : Abdelaziz Bouteflika fait ses adieux et demande pardon

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Le Conseil constitutionnel a entériné, mercredi 3 avril au soir, la démission d’Abdelaziz Bouteflika. Et dans la soirée, l’ex-président démissionnaire a demandé pardon aux Algériens dans une lettre d’« adieux ». De son côté, le gouvernement a annoncé une première série de mesures d’ouverture en direction de la presse, de l’opposition et des syndicats.

L’agence officielle de presse APS a publié ce mercredi soir une lettre d’Abdelaziz Bouteflika. C’est un ultime message. Une lettre qu’Abdelaziz Bouteflika adresse aux Algériens au lendemain de sa démission. Une lettre où il reconnaît des erreurs et où il demande à être excusé. « Comme toute chose a une fin, je vous fais mes adieux même s’il n’est pas facile pour moi de vous exprimer toute la sincérité de mes sentiments », écrit le président algérien.

Il dit être fier de sa contribution et se félicite des « progrès notables » réalisés en 20 ans, « dans tous les domaines. Il écrit « les années se sont succédé, tantôt maigres et tantôt prospères, donnant lieu aux actions qui ont été les miennes, certaines satisfaisantes
et d’autres moins
 ».

Il s’excuse de tout manquement à l’encontre des Algériens, précisant que l’erreur est humaine. Il remercie les Algériens, les invite à maintenir du respect pour tous ceux qui ont combattu pour l’indépendance du pays et leur demande de rester unis. Il conclut : « Je quitte la scène politique sans tristesse ni peur pour l’avenir de notre pays ». Un nouveau geste d’apaisement des autorités vis-à-vis de la population qui prévoit de manifester ce vendredi.

Dans le même temps, le nouveau gouvernement a fait des gestes d’ouverture envers la presse, l’opposition, les associations et les syndicats. Lors d’une réunion présidée par le Premier ministre Noureddine Bedoui, il promet « plus de transparence et d’objectivité ».

Le premier secteur concerné, c’est la presse. Le gouvernement assure que la publicité publique sera distribuée sans discrimination entre médias publics et privés. Comme dans de nombreux pays, la presse vit grâce à la publicité mais, en Algérie, cette manne publicitaire est aussi entre les mains de l’État. Des journalistes et des patrons de presse ont dénoncé, à plusieurs reprises, le fait que la publicité soit un outil pour les autorités pour influencer le contenu des journaux.

Mais certains professionnels des médias doutent de la sincérité de cette annonce. À l’image d’Omar Belouchet, le directeur du quotidien El Watan.

Deuxième secteur concerné : les associations, les syndicats et les partis politiques. Le gouvernement promet d’examiner les dossiers de demandes d’agrément déposés auprès des ministères. Car en Algérie, ces organisations doivent obtenir l’accord du ministère de l’Intérieur ou du Travail pour être créées. Ces derniers mois, les autorités avaient fait une liste restrictive des syndicats autorisés et les associations, elles, se plaignaient de contraintes de plus en plus grandes.

Après plus de six semaines de mobilisation, la société civile, fragilisée par de multiples barrières administratives, et particulièrement visée par des mesures de rétorsion ces derniers mois, serait donc la première bénéficiaire de la mise en place du nouveau gouvernement. Un gouvernement présenté comme celui de l’ouverture. Et cette mesure était la première après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.

Cela aurait pu être un symbole fort si des mesures similaires n’avaient pas été proposées par le président algérien lors de son discours du 15 avril 2011, promettant des réformes. Huit ans plus tard pourtant, la défiance envers les partis politiques a explosé, des journaux, privés du jour au lendemain de publicité ont mis la clé sous la porte et les associations dénonçaient une loi liberticide. Et c’est l’un des facteurs qui est à l’origine du mouvement populaire.

rfi

 

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