Dakar le 03 Mars 2025
Déclaration de Alpha BAYO, acteur de la société civile.
Mes chers compatriotes,
Après une longue période de silence et d’observation, j’éprouve aujourd’hui la nécessité de m’exprimer, de communiquer avec vous mes réflexions, mes aspirations et aussi mes doutes relatifs à la situation actuelle de notre cher pays, la République de Guinée.
Je prends la parole non seulement en tant que citoyen, acteur de la société civile et surtout comme un fervent promoteur de la paix, de l’unité nationale et du dialogue inclusif pour la résolution de la crise.
Chers concitoyens, notre pays traverse une phase cruciale de son évolution socio politique et économique avec des implications d’ordre minier important qui impacteront durablement des générations. Cette phase exige de chacun de nous, individuellement et collectivement un engagement sans faille pour la stabilité de notre pays.
Pourtant, la cherté de la vie et les enlèvements de citoyens à l’image de Foniké Menguè, Billo Bah, Habib Marouane, Sadou Nimagan et récemment Abdoul Sacko viennent nous rappeler des périodes sombres de notre histoire que nous pensions révolues. Hélas ! Il ne s’agit pas là d’une prise de position politique, mais le cri de cœur d’un citoyen qui nourrit le rêve de rassembler les filles et fils de la Guinée autour des questions essentielles. Aujourd’hui, les familles et proches de nos concitoyens disparus vivent dans la psychose et une précarité qui méritent l’attention de tous, en particulier le Général Mamady Doumbouya, Président de la Transition.
Monsieur le Président, en dépit des divergences politiques, nos concitoyens disparus sont des citoyens guinéens dont la sécurité et le bien être vous incombent en tant que chef de l’Etat. A ce titre, je vous demande de bien vouloir engager les recherches nécessaires afin de permettre à des enfants de retrouver la chaleur de leurs pères, à des femmes de retrouver leurs maris et à des mères, l’affection de leurs enfants. Vous avez ainsi le devoir de donner espoir et favoriser un climat de sécurité et de paix.
Gardons à l’esprit que la paix n’est pas un privilège, mais une quête quotidienne constituant donc le préalable de tout véritable progrès. Il ne s’agit pas de l’absence de conflit, mais la création de condition de participation collective aux efforts de construction d’une société juste, harmonieuse et épanouie.
Chers compatriotes, notre Nation est en chantier. Des initiatives de grandes valeurs sont lancées à l’image du projet Simandou. Cela fait de cette période une période historique avec des enjeux économiques et sécuritaires qui nécessitent l’unité d’actions de toutes les composantes sociales du pays.
Je demande que cet ambitieux projet ne soit pas dominé par intérêts étrangers et d’une élite, que le plan de financement ne se repose pas seulement sur des capitaux étrangers, de privilégier la bonne gouvernance, la diversification économique, la prise en compte des impacts sociaux et environnementaux, la répartition équitable des revenus tirés des mines ainsi que la transparence.
La Guinée ne doit pas être victime de la malédiction des ressources car riche en matières premières mais dont la population n’a jamais tiré profit des potentialités.
Les efforts engagés dans le cadre de la lutte contre la corruption doivent être soutenus, encadrés et encouragés. Notre appareil judiciaire doit à cet effet donner d’avantage les gages de son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
Les engagements du Président Mamady Doumbouya de refonder l’Etat et de dépersonnaliser l’administration publique ne doivent pas être enfouis sous les velléités de ceux qui, comme sous le précédent régime, préfèrent le chaos au dialogue.
Ces initiatives ainsi que les projets annoncés ne pourront être mis en œuvre que dans un climat de stabilité, de respect et de confiance entre tous les acteurs de la vie de notre Nation.
Encore une fois, je fais un appel solennel au Président de la Transition afin qu’il impulse un dialogue national dont le but sera de rassembler toutes les forces vives du pays afin de discuter sérieusement autour du nouveau chronogramme de la transition et les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Je reste convaincu que c’est à travers un dialogue constructif que nous sortirons de l’impasse et de la méfiance. Nous en détourner nous ferait perdre du temps et pourrait provoquer une crise plus aiguë dont la population paiera le plus lourd tribut. Le cadre de dialogue n’est pas une option mais plutôt une urgence en vue d’aplanir les divergences et construire l’avenir.
Mes chers concitoyens, notre destin repose entre nos mains. Si nous optons pour la collaboration, l’écoute et le respect de chaque opinion, même celles qui divergent des nôtres, nous parviendrons à nos fins. Nous construirons ainsi une Guinée améliorée en unissant nos efforts.
Une Guinée en paix, prospère et solidaire. C’est notre devoir de garantir une paix durable et pérenne, pour que notre génération puisse bénéficier équitablement des ressources du pays et que les générations à venir soient encore plus fières de nous.
Depuis mon départ de la Guinée en juillet 2024, je n’ai jamais cessé de penser à mon pays, à la population, à ma famille et à mes proches qui traversent aussi des moments très difficiles et d’incertitude.
Pour conclure, j’aimerais vous annoncer que dans un avenir proche, je souhaiterais revenir parmi vous, non seulement en tant que citoyen , mais aussi comme un porteur de messages de paix et d’harmonie sociale. Je serai là pour créer les jeunes champions dans nos communautés, leur aider à réfléchir sur les besoins d’innovations et de créativité en vue de garantir un avenir meilleur. Egalement participer à la transformation économique et sociale, afin que notre nation, la Guinée, puisse se redresser et prospérer dans l’harmonie et la cohésion. Tout ce dont j’aurai besoin, c’est la garantie de ma sécurité, le respect mon intégrité, la protection de mes biens et le respect de mes droits. Cela est valable pour chaque citoyen guinéen. C’est l’une des missions régaliennes des autorités.
Je vous remercie
ALPHA BAYO