Conakry : Un père de famille bat sévèrement sa fille et se retrouve aussitôt en prison

0
799

 L’affaire a provoqué une vive indignation sur les réseaux sociaux et dans les médias. Depuis le mercredi dernier, des images d’une jeune fille portant des blessures sur son corps circulent à Conakry avec une vague de dénonciations. Et cette affaire n’a pas laissé indifférente la justice. Aboubacar Soumah, le père adoptif de la fille et qui est l’auteur de ces blessures, a été aussitôt interpellé. Il a comparu le jeudi, 06 septembre 2018 devant le tribunal correctionnel de Dixinn.

A la barre, le prévenu a reconnu les faits de coups et blessures volontaires qui lui sont reprochés. Mais il dit avoir agi sous l’effet de la colère et dans le souci de protéger sa fille adoptive. « Oui je l’ai ligotée et je l’ai frappée dans mon salon alors qu’elle était torse nue. Mais depuis qu’elle est venue chez moi il y a 14 ans, je ne l’avais jamais frappée. Je l’ai fait cette fois, parce que j’ai peur qu’elle ne soit à la merci des garçons », a-t-il déclaré devant le tribunal.

En effet, cette affaire est partie de la décision d’Odette d’envoyer son petit ami à la maison alors que son père était au travail. Irritée par ce comportement, la mère adoptive de la jeune fille de 19 ans s’en prend au jeune homme. Ce dernier réplique aussi en proférant des paroles déplacées à l’endroit de la dame. Celle-ci est davantage choquée, et elle appelle aussitôt son mari pour lui expliquer ce qu’il s’est passé à la maison.

Aboubacar Soumah rentre furieux et décide de corriger, une fois pour toutes, Odette Kamano. C’est ainsi qu’il a ligoté les mains de sa fille et lui a administré une sévère correction. Il a assuré, à la barre, qu’il n’avait nullement l’intention de faire du mal à la jeune fille. Un argument soutenu et appuyé par son avocat, maître Mohamed Abou Camara.

« Lorsque Aboubacar Soumah prenait la fille pour la frapper, il n’imaginait pas que cela aller blesser Odette. Maintenant ses coups ont blessé la fille alors qu’il n’avait pas l’intention de la blesser. Donc retenez tout simplement que c’est un père qui a voulu corriger sa fille. Alors, même si vous allez le condamner, je vous prie de lui accorder le sursis », a plaidé l’avocat de la défense.

Et même la victime se range du côté de son père. Odette Kamano qui a également comparu devant le tribunal, a confirmé la version du prévenu et demandé au tribunal d’être clément à son égard : « Il m’a mise à l’école, habillée, nourrie et logée. Je n’ai pas où aller aujourd’hui sauf chez lui. J’ai quitté mes parents à l’âge de 5 ans pour aller chez lui, c’est la première fois qu’il me frappe. Alors, moi je vous demande de le libérer car il est mon père », a dit la jeune fille.

Mais le procureur, lui, n’entend pas ces différents appels d’une bonne oreille. Daouda Diomandé estime que l’infraction est suffisamment constituée et souhaite donc que son auteur soit puni conformément à la loi. C’est pourquoi, il a demandé au tribunal de condamner Aboubacar Soumah à deux ans d’emprisonnement.

Le dossier a été renvoyé au mercredi 12 septembre 2018 pour la délibération. En attendant, Aboubacar Soumah est détenu à la maison centrale de Conakry.

Cherif Djiba Sano

Facebook Comments Box

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here