Installée depuis plusieurs décennies au cœur du quartier Dar-es-Salaam, dans la commune de Matoto, la décharge publique du même nom ne cesse d’inquiéter. De simple point de dépôt d’ordures, elle s’est transformée au fil des années en une montagne de déchets, avec des conséquences sanitaires de plus en plus alarmantes pour les habitants de ce quartier populaire de la capitale guinéenne.
Malgré les nombreuses alertes des riverains et les appels pressants lancés par des acteurs de la société civile et des spécialistes de la santé publique, la situation demeure inchangée. La décharge continue de croître, dégageant quotidiennement une fumée dense et une odeur pestilentielle, particulièrement insupportables durant la saison sèche et la saison des pluies respectivement.
Rencontrée sur place par l’un de nos reporters, Mme Diaraye Barry, habitante de Dar-es-Salaam, livre un témoignage poignant : « Je suis née ici, j’ai grandi ici. La décharge existait déjà, mais à l’époque ce n’était qu’un grand trou. Aujourd’hui, c’est devenu une véritable montagne d’ordures, avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer. »
Mme Barry évoque avec émotion les drames vécus par les résidents, notamment la tragédie de 2017, lorsqu’un glissement d’ordures avait coûté la vie à plusieurs personnes. Mais au-delà de cette catastrophe, ce sont les effets quotidiens de la pollution qui rongent la santé des populations locales. « Personnellement, j’ai développé une maladie respiratoire à cause de cette fumée toxique. Mon petit frère aussi est malade, et son cas est encore plus grave : il a des complications cardiaques. Nous faisons des allers-retours incessants à l’hôpital. »
Selon elle, les conditions de vie se détériorent d’année en année. « Pendant la saison des pluies, c’est une odeur nauséabonde qui nous empêche de respirer. En saison sèche, la fumée est tellement épaisse qu’on est obligé d’allumer les phares de la moto même en plein jour pour ne pas heurter quelqu’un. C’est devenu invivable. »
Avec beaucoup d’émotion, Mme Barry lance un cri de détresse aux autorités : « Même à l’hôpital, on nous demande si on fume. Mais ce n’est pas le cas. Cette fumée nous détruit lentement. Ce n’est pas tout le monde qui fume, surtout pas les femmes. Que le président Mamadi Doumbouya nous vienne en aide. Nous souffrons trop ici. Pensez à ces enfants qui grandissent dans ces conditions. »
Face à l’urgence sanitaire que représente aujourd’hui la décharge de Dar-es-Salaam, les habitants implorent une action rapide, structurée et durable. Car pour eux, ce qui était autrefois un simple site d’enfouissement est désormais une menace permanente à leur droit fondamental à la santé et à un environnement sain.
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