Guinée/29ème Journée mondiale de la liberté de la presse : voici la déclaration des associations de presse

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La journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée ce mercredi 4 mai 2022 en guinée. A Conakry, la cérémonie s’est déroulée au chapiteau du palais du peuple en du premier ministres chef du gouvernement et plusieurs membres de son gouvernement.

A cette occasion, les associations de presse ont lancé un message aux nouvelles autorités à travers une déclaration.

Ci-dessous déclaration conjointe des associations professionnelles de presse

Ce mardi 03 mai 2022, l’Humanité célèbre la 29ème Journée mondiale de la liberté de la presse.

Aujourd’hui, par nos célébrations ici, dans d’autres régions de notre pays et du monde, nous conférons tous gloire et espoir à la liberté de la presse. Notre engagement est aussi la garantie de l’optimisme. C’est également le moment de se rappeler que plusieurs journalistes risquent la mort ou la prison en informant les citoyens.

Cette date est devenue partout dans le monde, l’occasion propice pour les professionnels de la presse d’informer les citoyens et d’interpeller les pouvoirs publics sur des violations flagrantes du droit à la liberté d’expression. Cette année, le thème retenu par l’Unesco est : «Le Journaliste sous l’emprise du numérique ». Un thème d’une pertinence sans précédent, d’une réelle actualité cadrant parfaitement avec les préoccupations du moment.

En effet, le déferlement des nouvelles technologies de l’information bouleverse notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes. Les nouvelles technologies donnent l’illusion d’un monde des médias tout-puissants, accès instantané à une infinité de connaissances et de produits culturels, multiplication des contacts et des échanges, accélération du traitement et de publication de l’information, diversification des supports de communication, etc.

Dans une société désormais fondée sur la fluidité et l’instantanéité des échanges. Les nouvelles technologies recomposent le monde selon leur propre logique, celle de la performance et de l’efficacité. Elles renforcent le règne de la compétition et l’exigence d’aller toujours plus vite, de se mobiliser intégralement pour son entreprise et sur les « réseaux sociaux », d’être capable de s’adapter à toutes les évolutions technoculturelles, sous peine d’être exclu.

La presse doit-elle s’adapter, s’y exfiltrer ou y installer ses principes sacrosaints ? –Il est clair que nous optons pour la dernière.

L’idée de la liberté de la presse est devenue l’une des principales libertés publiques et une condition nécessaire à l’exercice de la démocratie. Elle procède du droit d’expression et de critique dont disposent tous les citoyens vivant dans les pays démocratiques.

La liberté de la presse en toile de fond, un journalisme indépendant permet d’exposer aux citoyens des faits, afin que ces derniers se forgent leur propre opinion. La liberté de la presse garantit des sociétés où règnent la transparence, où chacun peut accéder à l’information. Un journalisme indépendant analyse le monde et le rend accessible à toutes et à tous, œuvrant pour la diversité des opinions.

Ainsi, nous profitons de cette journée pour énoncer quelques écueils qui assaillent la presse guinéenne. Ce sont entre autres :

Sur la liberté de la presse et d’expression : La loi 002 relative à la liberté de la presse a le mérite de dépénaliser les délits de presse en Guinée dans sa dimension privation de liberté. Il convient cependant de mentionner que des actes allant dans le sens contraire de cette loi sont encore posés dans l’arène judiciaire. De même, une amélioration et une actualisation de certaines dispositions de cette loi paraissent nécessaires pour tenir compte de certains types de nouveaux médias comme la Web radio, la Web Tv.

Dans la même lancée, nous sollicitons une amélioration de la promotion de la presse et la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier. De nos jours, des journalistes sont encore battus. D’ailleurs, c’est l’opportunité de rappeler que le dossier de la bastonnade des journalistes par des gendarmes de l’Eco 3 de Matam en octobre 2017 n’a toujours pas trouvé d’issue. Insultés et bafouillés dans leur dignité avec la perte de leurs matériels de travail, 5 ans après, aucune forme de justice n’a été rendue pour ces journalistes et les médias victimes. Ce, malgré la plainte régulièrement portée auprès de la Cour d’appel de Conakry.

L’impunité face aux exactions et parfois aux crimes commis contre les journalistes demeure une menace qui entrave la liberté de la presse et d’expression, qui demeure pourtant l’un des fondements d’un Etat de droit. Cette situation faut-il le souligner impose aujourd’hui à nombre de professionnels de médias à la résignation et même à l’autocensure, de peur d’avoir à subir des représailles.

Sur le droit à l’information : la mise effective en marche d’un contrôle systématique sur l’application du contenu de la loi d’accès à l’information publique. Ce texte avait été rédigé au même moment que ceux sur la liberté de la presse et sur la haute autorité de la communication en 2010. Depuis plus d’une décennie, cette loi est en souffrance dans sa mise en application effective. Aujourd’hui encore, nous réitérons cet appel car, comme vous le savez, elle est aussi une autre garantie de démocratie, puisqu’elle permet à tout citoyen d’accéder aux informations publiques non confidentielles. Ce qui répond au principe de redevabilité des pouvoirs publics. Nous avons encore en mémoire, l’invite qui nous a été faite par le Président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, lors de sa première rencontre au palais du peuple avec les hommes de médias, nous demandant explicitement de mener des enquêtes sur la gestion des commis de l’Etat.

Sur le fonctionnement économique des entreprises de presse : nous déplorons l’augmentation incontrôlée et considérable de la redevance annuelle de l’audiovisuel privé au titre de la location des fréquences au mois de juillet 2021, des efforts doivent être déployés à ce niveau au risque d’assister à la fermeture progressive de ces radios et télévisions privées. Nous attirons parallèlement l’attention des autorités sur la précarité des entreprises de presse écrite. En effet l’édition de journaux se trouve actuellement confrontée à une hausse drastique des prix des intrants d’impression. Nous pensons à une Imprimerie qui sera une égérie dans ce domaine de brainding, banderoles, affiches ou tout autre gadget utile à la communication visuelle. Ceci rapprocherait davantage l’OGP (l’Office Guinéen de Publicité) et les services techniques des médias sous le prisme d’une fédération des compétences. Il faut souligner que la presse sous l’emprise du numérique, c’est aussi saisir l’occasion de valoriser le domaine de l’infographie et la production des supports par le média, à travers les prestations de confection des banderoles et autres panneaux d’annonce. Un secteur exclusivement tenu aujourd’hui par d’autres entités sans aucune concurrence.

Nous pensons très objectivement qu’en plus de revoir à la baisse, la location des fréquences au titre des redevances annuelles, l’Etat doit penser à modérer la taxation des entreprises de presse pour la plupart ayant la taille ou le qualificatif de micro-entreprise comme les journaux et les sites internet et même certaines radios communautaires. Nous appelons le gouvernement à prendre des mesures légales pour encourager le secteur public à souscrire à des plages publicitaires.

Sur le plan infrastructurel : La presse guinéenne a besoin de rattraper son retard infrastructurel à l’image d’autres pays de la sous-région. La construction d’une Maison de la presse digne de nom devient de plus en plus une nécessité. Si nous apprécions à sa juste valeur, la mise à disposition d’une maison provisoire de la presse par le Chef de l’Etat, le Colonel Mamadi Doumbouya, un acte qui décharge du paiement de loyer, il faut signaler que des efforts supplémentaires sont à consentir notamment pour son ameublement car, elle manque de tout en termes de commodités de travail. Nous appelons à la bonne grâce du Président de la Transition.

Nous profitons également de l’occasion de cette journée particulièrement symbolique pour notre corporation, pour informer les hommes de médias de la reprise prochaine des travaux d’amendement de la convention collective de la presse privée de Guinée en vue de son adoption par tous les acteurs concernés. C’est le lieu d’ailleurs de remercier vivement la commission de rédaction de ladite convention.

On ne saurait terminer cette allocution sans toucher d’un mot aux hommes de médias car, cette journée est également l’opportunité de leur rappeler le sens de la responsabilité sociale, du respect strict de l’éthique et de la déontologie sacerdotale. Les professionnels des médias devant tous être conscients de l’impact combien important de la presse sur les populations. Une virgule mal placée, par exemple, peut avoir des conséquences inimaginables et dangereuses sur la paix.

Nous devons à cet égard, agir ensemble pour protéger la liberté d’expression en même temps que la sécurité des journalistes, afin que ces derniers exercent dans la plus grande tranquillité et sérénité leur métier au bénéfice exclusif de la nation et pour tout le pays.

Vive la liberté de la presse !

Vive la presse Guinéenne !

Vivement un environnement économiquement propice à l’évolution des médias guinéens !

Merci de l’attention !

Conakry, le 3 mai 2022

URTELGUI, AGEPI, AGUIPEL, REMIGUI, UPLG, UFSIG, APAC, AJG, UJPRG, UPF, RJPG

 

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