Infertilité : entre pression sociale et violences invisibles, un panel pour briser le silence

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L’ONG Qui Veut Peut, en partenariat avec Espoir 224 et le Club des Jeunes Filles Leaders, a organisé ce samedi 06 Mars 2025 à Conakry un panel sur l’infertilité, et plus précisément le poids qu’elle représente entre pression sociale et violences invisibles. Il s’agissait pour l’ONG Qui Veut Peut de d’émystifier l’infertilité, briser le silence et encourager une approche plus empathique et inclusive sur le sujet.

Au cœur des échanges, une réalité partagée par des millions de femmes à travers le monde, notamment en Afrique subsaharienne, où l’infertilité touche près de 90 millions de couples.

Dans son discours de circonstance, Safiatou Guissé, coordinatrice de l’ONG Qui Veut Peut a tout d’abord rappelé que dans les sociétés patriarcales, la maternité reste intimement liée à la valeur sociale de la femme. L’absence d’enfant est souvent perçue comme un échec personnel, attribué à tort à la femme, ce qui engendre stigmatisation, isolement, perte d’estime de soi et parfois même des violences psychologiques.
« Dans notre culture, le mariage est encore largement associé à la procréation. Pourtant, se marier, c’est avant tout choisir un compagnon de vie, pas seulement un parent pour ses enfants. », a rappelé la coordinatrice.
L’événement a donné la parole à des professionnels de santé, des religieux, mais aussi à des femmes activistes de la société civile.

De son côté,  Barry Abdoulaye, formateur au centre de mémorisation du Coran La Voix de la Réussite à Matoto Cité CBK, et représentant des leaders religieux, a apporté un éclairage sur la vision de l’islam concernant l’infertilité.
« L’infertilité n’est pas une fatalité en islam. C’est une épreuve qu’Allah inflige à certains de ses serviteurs, et qu’il convient d’accepter avec foi », a-t-il expliqué, en s’appuyant sur des versets coraniques : « À Dieu appartient la royauté des cieux et de la terre. Il crée ce qu’Il veut : Il donne des garçons à qui Il veut, des filles à qui Il veut, et rend stérile qui Il veut. »
Il a également rappelé que la stigmatisation ou la violence envers une femme infertile est contraire aux principes islamiques. « Le Prophète Mohammed (PSL) avait plusieurs épouses. Certaines étaient infertiles, mais il a toujours été juste envers chacune d’elles. C’est une leçon de comportement et de respect. »

Prenant la parole à son tour, une représentante du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée a dénoncé les préjugés persistants dans les sociétés africaines, où l’infertilité est souvent imputée à la femme, parfois sans fondement.
« La femme joue un rôle de sensibilisation et de médiation sur ces questions. Il faut comprendre que l’infertilité peut venir de divers facteurs : maladies, troubles hormonaux, ou même le stress. Et elle peut concerner aussi bien l’homme que la femme », a-t-elle rappelé.
Elle a plaidé pour une approche équilibrée et médicale du problème, loin des accusations unilatérales : « Il est nécessaire de recourir à des services de santé pour poser un vrai diagnostic et identifier les causes exactes. »

Du point de vue médical, le Dr Yansané Mamadi, médecin au Centre d’Imagerie de Référence des Armées à l’hôpital militaire de Conakry, a apporté un éclairage scientifique sur le sujet.
« L’infertilité est définie comme l’incapacité pour un couple ayant des rapports sexuels réguliers pendant au moins 12 mois de concevoir. C’est un véritable problème de société, mais les progrès médicaux permettent aujourd’hui d’apporter des solutions adaptées », a-t-il expliqué.
Selon lui, les causes de l’infertilité sont partagées : « Environ 35 % des cas sont liés à la femme, 35 % à l’homme, 20 % sont des causes mixtes, et 10 % restent inexpliquées. » Chez la femme, les causes peuvent aller d’anomalies des ovocytes à des blocages mécaniques au niveau des trompes ou de l’utérus. Chez l’homme, des problèmes au niveau des spermatozoïdes peuvent également être à l’origine de l’infertilité.

A noter que ce panel a permis de croiser les regards autour d’un sujet encore trop souvent passé sous silence. Tous les intervenants s’accordent sur la nécessité de sensibiliser, de combattre les stigmatisations et de promouvoir une approche médicale, humaine et spirituelle de l’infertilité.

Bolokada Sano
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