Médias : les Taban de demain sont déjà sur le terrain

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La presse guinéenne est une fois de plus endeuillée. Daouda Taban Sylla, jeune journaliste passionné, est décédé après plus de dix années de stage non rémunéré, et à peine trois mois après son intégration à la Fonction publique. Ce drame, aussi poignant qu’injuste, n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une série de tragédies silencieuses qui frappent les jeunes journalistes, souvent exploités, rarement reconnus.

Le souvenir de Lamba Manasaré et Aboubacar Lansana Camara, eux aussi stagiaires à la RTG, morts dans un accident de circulation après des années de service sans contrat, reste douloureusement présent. Leur disparition avait suscité une vague d’indignation, menant au recrutement massif des stagiaires de la RTG en 2010. Mais cette mobilisation semble aujourd’hui reléguée aux oubliettes.

En 2025, 350 stagiaires ont été intégrés à la RTG. À Horoya, pourtant, aucun. Et ce, malgré des dossiers complets et des candidatures validées. Le motif avancé ? Un mystérieux « protocole d’entente » qui dissimule mal une injustice criante.

Les Taban de demain

Les 49 stagiaires de Horoya sont les Daouda Taban Sylla de demain. Ils travaillent sans contrat, sans salaire, sans protection sociale. Ils couvrent des événements, prennent des risques, mais restent invisibles. Leur situation est une bombe à retardement. Faut-il attendre un autre décès pour agir ?

L’appel aux autorités

Il est temps que les autorités guinéennes entendent le cri de la presse. Il est temps de mettre fin à cette précarité chronique qui gangrène les médias publics. Les stagiaires ne demandent qu’un statut, un salaire, une reconnaissance.

Nous appelons le ministère de l’Information et de la Communication, le ministère de la Fonction publique, et toutes les institutions concernées à agir. À sortir de l’indifférence. À honorer les vivants avant de pleurer les morts.

La presse ne doit pas être un cimetière de vocations. Elle doit être un espace de vie, de justice et de respect. Il est encore temps d’éviter que les héros de l’information ne soient célébrés uniquement après leur disparition.

Daouda Taban Sylla mérite plus qu’un hommage posthume. Il mérite que son histoire serve de déclic. Que les 49 stagiaires de Horoya soient rétablis dans leurs droits. Que la presse guinéenne cesse de pleurer ses enfants, et commence à les protéger.

Mobaillo Diallo

 

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