A la SBG, Société des Bauxites de Guinée, filiale de la Société METALCORP Group, des employés disent être victimes d’un licenciement ‘’arbitraire’’, ‘’sélectif’’ et ‘’non fondé’’ qui aurait été orchestré par l’actuel directeur général, apprend-t-on.
Arrivé au sein de la SBG en qualité de directeur de la mine, Abdourahmane Condé est accusé d’avoir procédé, sous la complicité du directeur des Ressources Humaines, Abdoulaye Kaba, à un recrutement massif de leurs proches.
« Quand M. Condé est venu, il a pris le projet. Il a employé, il a sur-employé jusqu’à ce que la Société soit étranglée par le nombre d’employés. Il a même recruté deux de ses frères biologiques », confie une de nos sources, qui révèle que Nikki Hills, directeur des Opérations, a perdu son poste pour avoir dénoncé ce ‘’recrutement abusif’’ organisé par Abdourahmane Condé, directeur de la mine, à l’époque.
« Un jour, M. Nikki, directeur des Opérations, a effectué une visite surprise à la mine, il a trouvé des employés sans postes entrain de dormir. D’autres faisaient du thé en pleine opérations à la mine. Il a pris des photos pour se plaindre contre M. Condé auprès de Monsieur Samir, directeur général par intérim de la Société à l’époque. Vu que M. Condé est proche de M. Samir, et a des entrées au ministère, cette dénonciation a couté à M. Nikki son poste. Il a été renvoyé », raconte notre source.
Depuis le renvoi de M. Nikki, ajoute notre source, M. Condé se serait senti extrêmement fort pour procéder au licenciement ‘’sélectif’’, qui viserait principalement les anciens travailleurs de la Société.
Personnes licenciées et les motifs évoqués
En premier lieu, le chef-labo de la société, en l’occurrence Mamadou Diouldé Konkorein Diallo, ingénieur chimiste, a été remercié parce que, dit-on, la société n’aurait pas besoin d’un chef-laboratoire (affirmation de M. Condé à M. Samir). Et au même moment, la même société recrutait quatre chimistes, dont un chef-labo.
En second lieu, la Société aurait décidé de se séparer sans bruit du Directeur de la Logistique, Thierno Abbass Baldé pour manque de résultat dans le transport alors qu’il y a un responsable de transport au sein de la société, qui ne serait autre qu’un recommandé et ami de la fac de M. Condé.
De son côté, le Superviseur Transport, Rahssoun Diallo aurait été poussé à la démission pour soutient-on, des raisons économiques. Mamadou Diouldé Baldé, également Superviseur Transport, aurait, lui aussi, été licencié pour des raisons économiques
Mohamed Diallo et Thierno Souleymane Ly, respectivement Intendant Camp et Directeur relations publiques et Communautaires, ont tous été licenciés pour double emploi. Des allégations rejetées par les concernés.
Dans la foulée, précise une de nos sources, le DRH aurait même sanctionné le responsable de recrutement et de la formation des chauffeurs des camions de la SBG. Il l’aurait reproché d’avoir recruté beaucoup de chauffeurs de la même communauté (que nous taisons volontiers).
Interrogés, certains licenciés, clamant leur innocence, n’entendent pas baisser les bras pour réclamer une réparation. Ils comptent ester l’entreprise en justice.
Des faits similaires subis par le premier artisan de la venue du projet en Guinée
Selon nos informations, c’est un certain Alpha Oumar Diallo, un guinéen ayant également la nationalité allemande, qui a fait venir ce projet en Guinée. A l’époque, apprend-t-on, ce dernier travaillait pour la GIZ, GTZ à l’époque.
« Son ambition était de créer quelque chose de pérenne, de durable au bénéfice des guinéens. Il s’est lancé dans la recherche d’investisseurs dans le domaine agricole et minier. C’est dans cette recherche qu’il a rencontré en Allemagne le patron de Metalcorp Group qui était intéressé par les mines guinéennes. Il est arrivé ici pour créer la Société des Bauxites de Guinée. Ils se sont entendus sur l’actionnariat. Lui, il est resté actionnaire minoritaire, et la multinationale, c’est-à-dire la société Metalcorp Group devrait avoir l’actionnariat majoritaire ; eux, ils ont pris 81% des actions. Le guinéen a pris 19% des actions. Ils ont créé deux sociétés : la première s’appelle SBG SA et l’autre s’appelait Guinea Minéral and Mining (GMM SA). Donc, ils ont cherché auprès du CPDM un permis de recherche pour la Bauxite et deux permis pour le Fer. Le monsieur a géré la société de 2008 jusqu’en 2019. GMM SA n’a pas prospéré parce que les permis reçus, c’était à Faranah et à N’Zérékoré, donc le fer n’était pas trop, la distance aussi faisait défaut pour les infrastructures, pour l’évacuation de la production. Donc, ils ont laissé GMM SA pour se concentrer sur la SBG SA, dont les études ont trouvé une mine d’une capacité de 300 millions de tonnes de bauxites sur deux plateaux », relate une source contactée par notre rédaction.
C’est en 2019, alors que toutes les autorisations ont été obtenues pour la concession minière (signée en 2018 et ratifiée par le parlement guinéen), que certains auraient entrepris des manigances dans le but de mettre à côté le monsieur qui a fait venir le projet en Guinée avant le début de l’exploitation.
A l’époque, note notre interlocuteur, trois actionnaires étaient dans la concession minière. Il s’agit, selon lui, de la SOGICO (société détenue par le Monsieur qui a envoyé le projet ici), qui, au lieu de 19%, avait 18,5%, de la Société Metalcorp Group, qui détenait 81% dans la SBG est revenue à 78,5% et la SOGUIPAMI, qui est une entité de l’Etat, est entrée dans le capital avec 3%.
« En 2019, ils se sont entendus, comme M. Diallo Alpha Oumar a piloté le projet jusque-là, et maintenant on partait vers la phase construction, car toutes les autorisations ont été reçues, notamment l’autorisation de la construction de la route minière, l’autorisation portuaire pour le port, donc, que M. Diallo monte directement ; il était en ce moment non seulement directeur général de la Société des Bauxites de Guinée, il était aussi président du Conseil d’Administration. Maintenant, la Société Monaco Resources ou Metalcorp Group a demandé à ce que M. Diallo revienne comme vice-président du Conseil d’Administration et un sud-africain, qui connaissait bien les mines, soit le président du Conseil d’Administration. Les deux vont s’occuper de la recherche de partenaires techniques et financiers. Ils ont nommé un Français comme directeur général, qui est venu en janvier 2020. Ce monsieur a piloté le projet. Comme Metalcorp Group avait désormais des entrées au ministère des mines, ils ont trouvé de ruse pour éjecter Monsieur Diallo Alpha Oumar du projet. Chose qui n’a plu au Français, car il n’a pas voulu joué leur jeu. Ils l’ont finalement évincé. Ils se sont arrangés, sous la complicité de Monsieur Nimaga, à l’époque, Secrétaire Général du Ministère des Mines et d’un togolais partenaire du Cabinet SYLLA & Parthners, en trouvant quelqu’un du ministère pour le nommer au poste de directeur général. Une dame a été nommée à cet effet. Ils ont pensé qu’elle allait faire leur boulot. Malheureusement pour eux, ils ont trouvé que cette dame connait bien le secteur minier. Elle s’appelait Marliatou Baldé. Quand ils ont trouvé qu’elle ne faisait pas leur jeu et qu’elle était concentrée principalement sur le développement du projet, ils l’ont écarté. Directement, Metalcorp Group a envoyé un de ses membres. Ce dernier s’appelle Samir Idriss Ouaggag. Avec lui, ils ont procédé à la mise en place d’un nouveau Conseil d’Administration. Ils ont tué toutes les parts de Monsieur Diallo », mentionne notre source.
Qu’en est-il de l’engagement pris par la SBG lors de la signature de la convention de base avec l’Etat guinéen pour la construction et l’exploitation d’une raffinerie d’Alumine et une mine de bauxite dans la région de Kindia?
Le projet d’exploitation de la SBG du gisement bauxitique de Garafiri avec des réserves estimées à environ 300 millions de tonnes pour une teneur moyenne en Alumine de 41,4 % porte sur un investissement d’un milliard quatre cent millions de dollars américains ( 1 400 000 000 USD) pour une durée de 25 ans pour la transformation en Alumine sur place, et la raffinerie, qui va être construite, produira 1,6 million de tonnes d’Alumine par an.
La SBG s’était engagée de livrer sa production commerciale en 2022 avec 8 millions de tonnes de bauxites par an, dont 3 millions destinés à l’exportation et 5 millions pour la transformation en Alumine sur place.
Sauf que ces engagements semblent être loin d’être réalisés sur le terrain. C’est du moins ce que rapporte une source, indiquant d’ailleurs que l’actuel ministre guinéen des Mines, Moussa Magassouba, aurait même menacé de retirer à SBG sa licence.
« Aujourd’hui, le site de Garafiri est à l’arrêt, le personnel impayé depuis février 2023. Certains employés sont mis en congé obligatoire. De nos jours, la SBG a fait louer une de ses machines (Surface Miner, TESMEC) à une société chinoise pour faire face à des charges courantes du bureau de Conakry », a fait savoir notre source.
Toutes nos sollicitations pour recouper ces informations auprès de la Société des Bauxites de Guinée (SBG) sont restées pour le moment sans suite.
A suivre !
Alpha Diallo
Directeur de publication pour www.guineeactuelle.com