La conquête du pouvoir et la gestion font deux choses différentes en Guinée avec beaucoup de mystères. De la première République à nos jours, aucun Président n’a posé des actes rassurants le peuple et allant dans le sens de l’alternance démocratique au pouvoir.
Sous la première République, des guinéens se rappellent encore du parti-Etat et sa gestion de 1958 à la mort du Président Ahmed Sékou Touré en 1984. 26 ans de règne sans partage du pouvoir, auront mis la Guinée sous la sélecte. Parler de l’alternance au pouvoir au temps de Sékou Touré était un mot qui pouvait coûter cher aux personnes qui l’avouaient partout sur les 245 857 km2 que compte le pays. Des complots orchestrés, ourdis çà et là, des arrestations sous fond de dénonciation et des emprisonnements d’opposants à la pèle étaient des manœuvres utilisées pour la préservation du pouvoir dans les mains du PDG-RDA. Amnesty international parle de plus de 50 mille personnes qui périrent dans les geôles du régime « Sékhoutouréen », même si les caciques de son régime contestent ces chiffres.
A la prise du pouvoir par l’armée sous la direction du Colonel Lansana Conté, les nouvelles autorités du pays ont promis de rompre avec les pratiques du premier régime: le multipartisme intégral, l’alternance au pouvoir et biens d’autres choses ont été promises aux guinéens. Mais au fil du temps, ces promesses ont été oubliées et le « coudéisme » ou Lansana Conté dans la continuité dans la paix a été imposée au peuple de Guinée par une poignée de cadres véreux qui étaient aux affaires et qui se beurraient dans l’économie du contribuable guinéen.
Affaiblit par la maladie, le 22 décembre 2008, le Président Lansana Conté est décédé à Conakry. Quelques heures après son décès, le CNDD a pris le pouvoir avec à sa tête le Capitaine Moussa Dadis Camara.
A la suite d’un coup d’État manqué contre sa personne par son aide de camp, la gestion du pouvoir fut confiée à son ami Général Sékouba Konaté qui a finalement organisé l’élection présidentielle en 2010. La suite est connue.
L’actuel Président de la République, Alpha Condé, homme de Droit, précision de taille a été considéré par ses partisans comme »le premier président démocratiquement élu en Guinée » à travers une élection inclusive avec la participation d’une vingtaine de partis politiques.
Elu pour un mandat de cinq ans (2010-2015), Alpha Condé fort de sa grande expérience politique et de son long combat pour la l’alternance démocratie en Guinée et en Afrique promet un changement dans l’ordre des choses. L’alternance au pouvoir, le respect des droits de l’homme, la justice sociale, la bonne gouvernance, le développement, la lutte contre la corruption dans ses discours, sont entre autres faits qui attiraient l’attention des millions de guinéens lors de sa prestation de serment.
En 2015, le peuple de Guinée lui renouvèle sa confiance. Alpha Condé a été réélu pour un second et dernier mandat selon la constitution guinéenne. Justement, il jura par deux fois de respecter et de faire respecter cette constitution au prix de son honneur en ces termes: » « Moi Alpha Condé, Président de la République élu conformément aux lois, je jure devant le Peuple de Guinée et sur mon honneur de respecter et de faire respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre les Institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. En cas de parjure que je subisse les rigueurs de la loi », article 35 de la constitution ».
Nous sommes à quelques mois de la fin du second et dernier mandat et de l’élection présidentielle de décembre 2020 selon la constitution. Mais le patron du palais Sékhoutouréyah n’a toujours pas déterminé sa position pour des millions de guinéens sur son éventuelle candidature.
Curieusement, c’est une collision qui nait avec des cadres (Papa Koly Kourouma et Mouctar Diallo, Domani Doré et autres) pour soutenir Alpha Condé dans la continuité. Comme ça été le cas du Président Lansana Conté, des cadres et responsables du parti au pouvoir (RPG-arc-en-ciel) et ses alliés ont procédé à la signature de la coalition démocratique pour le changement dans la continuité. Selon les termes de cette convention, elle a pour ambition de soutenir et défendre les idéaux du président Alpha Condé en tout lieu et en toute circonstance malgré qu’il soit à la fin de son mandat. « Changement dans la continuité », c’est la phrase qui attire de plus l’attention des guinéens sur cette convention que vient de signer le RPG et ses alliés politiques. Quelques heures après la signature de cette convention, nombreux sont des guinéens qui font le parallèle entre « la continuité dans la paix » sous général Lansana Conté et « le changement dans la continuité » pour Alpha Condé.
Ce qui amène certains guinéens à dire que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le mot continuité est considéré comme anti-alternance pour ces derniers.
En attendant que le Président Alpha Condé ne fasse la surprise générale, des millions de guinéens estiment qu’il est vers le terrain que ses prédécesseurs (Sékou Touré et Lansana Conté) avaient défriché.
En tout cas, le temps reste le meilleur juge. L’avenir nous édifiera sans doute.
Daouda Yansané