A PROPOS DE LA RENCONTRE DU CNRD AVEC LES MAGISTRATS :
Il faut tout dénoncer car au niveau de la justice rien ne va et le peuple a beaucoup souffert par le travail irresponsable des juges.
L’indépendance et l’intime conviction du juge ont été foulées aux pieds et les ordres et condamnations étaient parfois donnés par le chef de l’État en personne ou à travers le ministre de la justice.
Certains magistrats étaient directement appelés par l’ex chef de l’État pour recevoir des instructions dans les dossiers sensibles.
Pour mieux manipuler les juges, il n’hésitait pas à les corrompre par des dons de numéraires ou de matériels (véhicules 4×4).
Il leur promettait aussi des postes importants au niveau de la justice ou de l’administration. La corruption ayant été instaurée par le premier magistrat, a fini par gangréner tout l’appareil judiciaire.
Quelques pistes pour amorcer la refondation :
-Revoir la loi sur le conseil supérieur de la magistrature. Cet organe qui doit juger les magistrats est exclusivement composé de magistrats qui le plus souvent font valoir le copinage. Certains membres sont protégés par les paires quelque soit la gravité de leur faute. C’est pourquoi il faudrait que cette institution soit composée d’autres membres venant d’autres professions ou organes indépendants. Car on ne pas être juge et partie.
-l’inspection des services judiciaires doit fonctionner avec la mission de contrôler les juridictions en toute indépendance .ce qui n’est pas le cas actuellement.
-il faut mettre fin immédiatement au militantisme dans le fonctionnement de la justice. Les cadres doivent être nommés en tenant compte de leur moralité et leur valeur intrinsèque et non par leur appartenance à un parti politique ,une région ou une ethnie.
Il faut une lutte implacable au niveau de la justice et pour réussir il faut que les premiers responsables donnent l’exemple par leur probité morale et leur engagement à servir le peuple.
-Au niveau des prisons : il faut revoir complètement le système pénitentiaire guinéen qui est caractérisé par la vétusté ,la surpopulation ,le manque de personnel et de formation, et les conditions de vie et de travail très difficiles des gardes et détenus.
Tous les progrès qui avaient été réalisés dans le cadre du traitement des prisonniers et la bonne gouvernance au niveau des établissements pénitentiaires n’existent plus.
Par manque de professionnalisme les évasions sont récurrentes et le personnel travaillant dans les conditions dramatiques est démotivé sans aucun espoir.
Il faut une refondation de ce service névralgique du système judiciaire par le choix des cadres capables de redresser et non par allégeance à la hiérarchie .
Naby Youssouf Sylla magistrat.