Déclaration
La prise du pouvoir par l’armée le 5 septembre 2021 sous la direction du Comité National du Rassemblement pour le Développement-CNRD a marqué l’ouverture d’une 3ème transition dans I ’histoire politique de la Guinée, après celles du Comité Militaire de Redressement National -CMRN (1984-1993) et du Conseil National pour la Démocratie et le Développement-CNDD (2008-2010).
Ainsi, tout comme les précédentes périodes transitoires, la présente transition s’annonce sur une véritable note d’espoir, de renouveau et de libération de notre pays et de son peuple du joug des multiples crises qui hypothéquaient son développement.
Toutefois, l’expérience du passé nous a révélé que ce sentiment d’esperance populaire s’est vite estompé avec le temps, quand face aux réalités du pouvoir et aux exigences de son exercice par des entités dont le profil républicain ne prédestine pas à ce genre de responsabilité, naissent très souvent des comportements et des velléités qui s’avèrent contradictoires aux engagements de départ. Cela s’est soldé par de nouvelles crises sociopolitiques qui ont entrainé des conflits et des violences.
Ainsi, la société civile Guinéenne, inspirée par les faibles résultats relevés sur le plan des acquis institutionnels lors des deux dernières transitions;
Tirant les leçons des mauvaises gestions des transitions antérieures;
Partant du recul démocratique qui en a résulté et soucieuse de l’avènement d’un Etat républicain qui prend en charge les défis de réconciliation nationale, de lutte contre l’impunité, de justice sociale, de bonne gouvernance, de refondation de l’Etat propre à la société guinéenne;
Tenant surtout compte du fait que les périodes de transition sont supposées être le cadre de construction des bases fondamentales d’institutions fortes et légitimes dont le but est de garantir une démocratie effective et un Etat de droit;
A décidé en cette période cruciale de notre construction démocratique, en tant qu’entité investie d’une mission de veille, d’alerte, d’interpellation et de propositions citoyennes, de la mise en place d’un Comité Citoyen de Suivi de la transition (CCST).
Ce comité est un regard citoyen qui se projette sur tous les aspects de la gouvernance transitoire. C’est également un instrument de la société civile pour accompagner une transition paisible et réussie qui répond aux exigences de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit.
Pour ce faire, le CCST se charge particulièrement du suivi de l’ensemble des engagements présents et futurs, formels et non formels, pris par les acteurs de la transition, et se propose de faire des interpellations en cas de déviance à travers des rapports.
Ces engagements concernent les déclarations de bonne intention qui étaient contenues dans le discours de prise du pouvoir du 5 septembre 2021 du CNRD, les différents ordonnances et communiqués publiés par le CNRD, les engagements divers pris par l’ensemble des entités lors des consultations nationales, les obligations inscrites dans la charte de la transition du 21septembre 2021, le discours de prestation de serment du 1er Octobre et I ’adresse à la Nation du 02 Octobre 2021 du Président de la transition, ainsi que les règles générales de bonne conduite.
Il est composé d’une trentaine d’OSC issues de différentes corporations de société civile reconnues pour leur engagement citoyen, leur intégrité morale, leurs expériences, leurs compétences et leur patriotisme. Ce sont des organisations de journalistes, de défense des droits humains, des syndicalistes, d’huissiers de justice, de religieux, de sages, des enseignants et chercheurs, de communicateurs traditionnels, de personnes handicapées, de jeunes et de femmes. Le CCST est relayé à la base par les démembrements de la Société civile sur toute l’étendue du territoire national.
Le CCST invite l’ensemble des acteurs et organes de la transition à une collaboration franche et loyale pour réussir sa mission. Car il considère que la présente transition est celle de l’ultime rendez-vous du peuple de Guinée face à son destin politique, et souligne la nécessité impérieuse pour l’ensemble des acteurs à œuvrer en faveur d’une rupture totale avec les pratiques du passé, par l’adoption de comportements exemplaires et le renforcement de la vigilance citoyenne impliquant le respect des engagements républicains inscrits à la charge de chaque organe de la transition.
Rédaction