Alerte sur la crise de l’eau potable: une décision à encadrer d’urgence (Par Ibrahima Sory Keita, Environnementaliste)

0
33

L’État guinéen a récemment interdit la production d’eau en sachet, une mesure saluée par certains comme un pas vers l’assainissement et la réglementation du secteur. Cependant, cette décision, bien que fondamentalement pertinente, soulève aujourd’hui de vives inquiétudes en raison de l’absence de directives concrètes et de mesures d’accompagnement pour les industriels concernés.

Depuis l’annonce de cette interdiction, aucune autre disposition officielle n’a été prise pour orienter ou encadrer les producteurs d’eau. Or, en pleine saison pluvieuse, les risques de maladies hydriques augmentent considérablement, surtout dans un contexte où la population peine à s’approvisionner en eau potable.

Dans les quartiers de Conakry comme dans les zones de l’intérieur du pays, les citoyens n’ont d’autre choix que de se tourner vers les puits, souvent non contrôlés, pour subvenir à leurs besoins en eau de consommation. La rupture brutale de l’offre d’eau en sachet, sans alternative disponible, expose les populations à de graves risques sanitaires.

Un appel pressant au ministère de l’Industrie et à la Présidence de la République

Face à la gravité de la situation, j’interpelle le ministère de l’Industrie et la Présidence de la République à prendre les dispositions urgentes qui s’imposent. Il ne s’agit pas seulement d’interdire, mais de proposer un cadre clair et équitable qui permette de structurer durablement ce secteur stratégique pour la santé publique.

Une coordination multisectorielle est essentielle, impliquant également les ministères de l’Hydraulique, de la Santé, du Commerce et de l’Environnement, afin de répondre efficacement à la crise actuelle et éviter une aggravation des problèmes sanitaires et sociaux.

Des pertes d’emplois et un manque de clarté

Cette interdiction a provoqué la perte de nombreux emplois, notamment parmi les jeunes et les femmes. Plus grave encore, l’application de la mesure semble incohérente sur le terrain : certaines usines non conformes poursuivent la production, tandis que d’autres, plus ou moins en règle, ont été fermées. Cela pose un sérieux problème d’équité et de transparence.

Il devient donc urgent de publier un cahier des charges clair, définissant les normes sanitaires, environnementales et industrielles, afin que les producteurs sérieux puissent se mettre en règle et reprendre leurs activités dans un cadre légal et sécurisé.

L’interdiction de la production anarchique d’eau en sachet est une décision fondée. Mais elle ne peut porter ses fruits que si elle s’accompagne de mesures concrètes, de contrôles rigoureux et de solutions viables pour la population. Il en va de la santé des citoyens, de la crédibilité des institutions et de la stabilité économique de nombreux foyers guinéens.

Ibrahima Sory Keita, Environnementaliste

 

 

Facebook Comments Box

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here