Considérée comme la « Jaguar » de la musique guinéenne, Yama Sega a longtemps brillé par son talent et son charisme. Auteure de plusieurs tubes qui ont marqué la scène musicale nationale, elle a su séduire un large public grâce à son énergie et sa polyvalence. Pourtant, derrière cette image de star se cache aujourd’hui une réalité préoccupante : la trajectoire de l’artiste semble s’essouffler, mettant en question son positionnement dans l’industrie musicale.
Yama Sega est reconnue pour sa capacité à chanter dans plusieurs langues nationales, mais aussi dans des langues internationales, un atout rare dans la musique guinéenne. Diplômée et dotée d’une culture musicale variée, elle avait tout pour s’imposer comme l’héritière de grandes figures comme Sayon Camara, qui fut une icône féminine de son temps grâce à son charisme et ses tubes intemporels.
Dans l’histoire de la musique guinéenne, des noms comme Mama Dioubaté, Kade Diawara, Binta Laly ou encore Sayon Camara ont laissé des traces indélébiles. Yama Sega, par son talent, semblait promise à dépasser ce cercle restreint et à inscrire son nom dans la légende. Mais au lieu de capitaliser sur son potentiel, l’artiste donne l’impression de stagner, prisonnière d’un succès local qui, par nature, reste éphémère. L’exemple des footballeurs ou des artistes internationaux est parlant : tout comme Serhou Guirassy, qui a dépassé des légendes du football guinéen, ou Takana Zion, qui a marqué l’histoire du reggae africain, Yama Sega devrait viser plus haut. La Guinée a besoin d’une artiste capable de jouer dans la cour des grandes stars mondiales, à l’image de Aya Nakamura en France ou Yemi Aladé au Nigeria.
Malheureusement, selon plusieurs observateurs, Yama Sega semble aujourd’hui égarée par ce que certains appellent la « politique du ventre » et les dérives liées au star-system. Ces choix compromettent une carrière qui aurait pu s’imposer à l’international et porter haut le drapeau guinéen. La question n’est pas de savoir si elle a le talent : elle l’a. Mais la carrière ne se construit pas uniquement sur le succès ponctuel, elle exige une vision à long terme, une structuration solide et une stratégie artistique claire.
Il n’est pas trop tard. Si son équipe se réorganise et mise sur une approche professionnelle – management efficace, choix artistiques ambitieux, ouverture sur les scènes africaines et mondiales, Yama Sega peut encore devenir la figure de proue que la Guinée attend. Elle a le charisme, la voix, la polyvalence et l’expérience pour le faire. Mais chaque jour qui passe rapproche la ligne rouge : celle où le talent se dilue dans l’oubli.
Yama Sega est à un tournant : rester une star locale ou devenir une icône internationale. La balle est dans son camp.
Bolokada Sano
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