Depuis le début de cette histoire qui oppose une jeune étudiante à son tuteur, la version de la fille était attendue. Nous avons pu l’entendre depuis sa cellule de la maison centrale de Conakry. Notre confrère du site guineepanorama.com vous propose de lire la version que nous a confiée Fatoumata Diaraye Baldé, l’étudiante incarcérée pour braquage à main armée et vol aggravé, elle rejette cette accusation et affirme plutôt qu’elle a été violée depuis de longues années par son tuteur (le mari à sa tante, chez qui elle vit depuis l’âge de 5 ans)
L’histoire racontée par Diaraye
« Depuis l’âge de 12 ans, il a commencé à abuser de moi. Parfois, il rentre dans ma chambre, dans la douche, s’il sent que je suis là bas, il rentre, il peut même m’appeler quand je suis en classe, de venir à la maison et quand je ne viens pas, il crie. Quand je viens à la maison, je trouve qu’il n’y a rien, juste pour me créer des problèmes. Par exemple quand je refuse de coucher avec lui, il me créé des problèmes. Il me demande de lui envoyer quelque chose à l’étage. Quand je monte dans sa chambre, il profite. Lorsque j’en parle à la maison, on ne me croit pas, sa femme qui est ma tante, me dit souvent qu’elle s’en fou. C’est pourquoi, j’ai fait en sorte d’enregistrer une de ses actions à travers une vidéo avec mon téléphone que j’avais placé sur la coiffeuse de sa femme. Je faisais la première année, Banque et finances en 2016, je devais faire licence 3, cette année ».
La scène du braquage supposée chez monsieur Baldé
« Dernièrement, au mois d’Aout 2017, j’ai dit à mes amis de l’école que j’ai envi de donner une bonne correction à mon oncle. Nous sommes venus à la maison, j’étais avec deux amis (des garçons). Ce jour là, il n’y avait que la bonne, ma sœur et mon petit frère. Mes amis les ont effrayés, ils ont pris ma sœur, ils lui ont demandé ou se trouve le père de famille, ils ont dit qu’il est sorti. Nous sommes montés à l’étage, au premier et au deuxième, il n’y avait personne, on n’a pas pu avoir la clé de sa chambre, quand ils ont alerté les voisins, on est reparti. Nous n’avions pas d’armes et on a rien pris. Après cette action, j’ai quitté la maison, pour aller me réfugier chez la mère à ma copine qui est partie en occident depuis quelques mois. J’y ai passé quelques temps et quand j’ai expliqué la situation à celle-ci, elle a voulu venir chez nous pour intervenir, mais je lui ai dit que je ne voulais pas qu’elle soit mêlée à cette histoire, pour ne pas qu’elle ait des problèmes. La mère de ma copine m’a, alors, demandé d’appeler le mari de ma tante pour régler ça, pour que je reprenne les études. C’est ainsi que j’ai pris la décision de l’appeler en lui disant que je ne voulais pas que cela arrive, c’est lui qui m’a poussé à agir ainsi, s’il n’avait pas abusé de moi, je ne me serai pas comportée ainsi. Je lui ai dit que ce que j’ai fait n’était pas bien, mais c’est lui qui m’y a poussé. En plus, tout ce qu’il disait dans mon dos, on me le rapportait. Je lui ai dit que j’étais désolée, mais je n’oublierai jamais ce que tu m’as fait, parce que tu as détruit ma vie ; il m’a dit ensuite qu’il est aussi désolé. Il m’a demandé ou je suis, je lui ai dit que je ne pouvais pas lui dire. Il m’a dit qu’il veut me voir ».
Un rendez-vous à Lambagny
« Je lui ai dit de se croiser à Lambagny, on s’est vu derrière l’auto école DEBO. Comme je n’avais pas confiance et j’avais peur, je me suis fais accompagner par ma copine. Arrivée au carrefour de Lambagny, je lui ai demandé de m’attendre quelque part, si quelque chose m’arrive, je vais l’appeler. On est allé dans un coin, c’est mélanger restaurant bar, genre motel. On a mangé, on a bu il m’a dit ensuite dit qu’il parait que j’ai une vidéo dans mon téléphone, il veut la voir. J’ai dit que je n’avais pas de vidéo, il a tout fait, j’ai refusé de la lui faire voire. Lorsque j’ai fini de boire, je me sentais bizarre, je ne sentais pas mon corps, je ne savais pas ce qui m’arrivais. D’abord, je me suis retrouvée couchée dans une chambre, je ne sais pas ce qui s’est passé. Lorsque j’ai vérifié mon téléphone, j’ai vu qu’il avait supprimé la vidéo, mais heureusement je l’avais transféré dans un de mes comptes Messenger. J’ai appelé ma copine qui est venue me chercher, on est rentré à la maison. Depuis ça, je ne comprenais rien, la nuit, j’entendais des voix m’appeler, Diaraye, Diaraye, c’est comme du maraboutage. C’est dans ces circonstances que je me suis retournée à Sonfonia, chez ma tante, sans savoir réellement ce qui m’arrivait. Dès que je suis venue, elle a dit « officier, c’est elle, arrêtez-la », c’est comme ça je me suis retrouvée à la maison centrale, c’était au mois de novembre 2017. J’ai fait plus de 6 mois en prison et je porte une grossesse de plus de 7 mois. La dernière fois que j’ai fait un rapport sexuel, c’était avec lui.
J’ai des copines qui peuvent témoigner, mais elles ont peur, il les a menacées, une de mes tantes qui était venue passer un séjour à la maison a été témoin de l’une des scènes, elle peut aussi témoigner. Avec celle-ci, nous lui avons tendu un piège, le 19 Mars 2017, lorsque sa femme avait voyagé ».
L’histoire de la vidéo cachée
C’était en 2016, ce jour là, je faisais la cuisine, en bas, je devais partir à la fac à 12 heures, il m’a appelée pour que je lui serve du thé à l’étage. C’est comme ça il me fait à chaque fois. Quand je lui ai apporté son thé, il m’a dit de lui apporter quelque chose sur la coiffeuse de sa chambre et quand je suis entrée, il m’a suivie. Quand il est venu, je l’ai repoussé et quand je l’ai repoussé, il m’a demandé y’a quoi ? Tu es fâchée ? J’ai dit « non, mais j’en ai marre. Vous ne voyez pas mon corps ? Comment j’ai maigris ? Tout le monde pense que je suis malade, alors que je ne le suis pas, ce sont plutôt des soucis. En plus vous êtes comme un père pour moi, vous êtes le mari à ma tante, je ne peux pas partager le même homme que ma mère, c’est impossible ». Après il m’a dit « donc tu as raconté ça à quelqu’un ? »J’ai dit non. Après il est venu, il faisait des trucs, du coup, son téléphone a sonné. Ce jour là, heureusement, il ne m’avait pas fouillé parce qu’habituellement, il me fouille pour voir si je n’ai pas caché un téléphone. J’avais caché mon téléphone dans mon soutien gorge. Il a voulu me toucher, c’est la qu’il a reçu un appel, il m’a laissé dans la chambre pour aller répondre à l’appel, dehors. Dès qu’il est sorti, j’ai profité pour bien placer l’appareil sur la coiffeuse de sa femme. Quand il a fini de téléphoner, il est revenu dans la chambre, j’avais un peu peur, parce que s’il voyait le téléphone, ce n’était pas bon. Je me suis donc laissé faire, pour prouver aux gens de la famille que ce que je dis est vrai. C’est quand il a commencé à me toucher que la bonne est venue m’appeler pour me dire que la sauce brulait sur le feu. Il m’a laissé, il est sorti au salon et moi j’ai pris vite fait mon téléphone, je me suis précipitée pour sortir de la chambre. Je suis allée ensuite chez ma grand-mère montrer la vidéo, elle m’a dit de supprimer. Heureusement je l’ai transférée sur mon Messenger ». Nous a relaté la jeune étudiante depuis sa cellule, à la maison centrale de Coronthie à Kaloum. La rédaction du site guineepanorama.com détient la vidéo dont il est question et elle pourrait s’en servir en cas de besoin.
A présent l’affaire est pendante devant la justice. De part et d’autre, chacune des parties est à la fois accusée et plaignante, les deux, l’étudiante et son tuteur sont en prison, en attendant leur procès. Les avocats s’activent pour récolter le maximum d’éléments possibles en vue de faire innocenter leurs clients. Il faut rappeler que Fatoumata Diaraye Baldé est en prison, depuis le mois de Novembre 2017, alors que monsieur Mamadou Oury Baldé, lui, est détenu depuis le jeudi 17 Mai 2018, toujours à la maison centrale.
Dossier à suivre