Un scandale minier aux ramifications troublantes

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La société AARNA GEMS, filiale du géant indien Ashapura, est au cœur d’un conflit judiciaire en Guinée, révélant des pratiques controversées dans l’octroi et la gestion des permis miniers. Ce dossier met en lumière des complicités potentielles au sein de l’administration minière guinéenne et soulève des interrogations sur le respect du Code minier, notamment son article 90, qui sanctionne la fraude, la tromperie et l’abus de confiance dans l’exploitation des ressources du pays.

David Makongo, un entrepreneur lésé

Tout commence avec David Makongo, un entrepreneur qui s’était associé avec AARNA GEMS dans le cadre du développement du projet Fako Resources, une société de droit guinéen créée pour obtenir un permis d’exploitation minière. L’accord prévoyait qu’AARNA GEMS apporte le financement et l’expertise technique nécessaire à la concrétisation du projet.

Cependant, au fil du temps, Makongo découvre des irrégularités : AARNA GEMS s’apprêtait à exporter un échantillon de minerai en grande quantité, une pratique non conforme aux conventions établies. Alerté, il saisit l’administration minière puis la justice pour dénoncer ces agissements.

Une bataille judiciaire acharnée

Après un premier jugement défavorable rendu en janvier 2022, David Makongo a finalement obtenu gain de cause grâce à l’arrêt n°538 du 17 octobre 2023 de la Cour d’appel de Conakry, qui a infirmé la décision initiale du Tribunal du commerce de Conakry et rétabli Makongo dans ses droits.

Selon les informations recueillies, la Cour d’appel a annulé la cession de 90 % des parts sociales entre AARNA GEMS et Makongo, faisant ainsi de ce dernier l’unique propriétaire légitime de 100 % de la société Fako Resources.

Malgré cette décision, la société AARNA GEMS n’a introduit aucun recours devant la Cour suprême de Guinée dans le délai de deux mois qui lui était imparti.

Les responsables d’AARNA GEMS et de l’administration minière continuent d’ignorer la décision de la Cour d’appel de Conakry. Contre toute attente, AARNA GEMS a assigné Makongo devant le Tribunal du commerce de Conakry pour tenter de faire suspendre l’exécution de l’arrêt de la Cour d’appel. Cependant, le Tribunal du commerce a déclaré qu’il n’était pas compétent pour arrêter l’exécution des arrêts de la Cour d’appel de Conakry.

Constatant que le délai imparti à AARNA GEMS était arrivé à son terme, Makongo a fait constater par huissier l’absence de pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême de Guinée.

L’arrêt n°538 de la Cour d’appel de Conakry étant passé en force de chose jugée, Makongo a procédé légalement, en exécution de cet arrêt, à la modification des documents constitutifs de la société Fako Resources SARL.

Cependant, fidèle à sa stratégie dilatoire, AARNA GEMS n’a pas réagi immédiatement. La société a ensuite tenté de contester la décision en usant de manœuvres procédurales discutables, notamment une notification déposée chez un chef de quartier, sous prétexte que Makongo était injoignable – une excuse peu crédible alors qu’il était publiquement actif en Guinée.

Alors que les délais légaux étaient largement dépassés.

Cette suspension, perçue comme une tentative de blocage judiciaire, soulève des interrogations sur les pressions et influences entourant ce dossier..

Face à cette situation, les avocats de Makongo ont saisi la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) d’Abidjan, dans l’espoir de faire annuler cette décision de sursis. Selon eux, cette décision ne repose sur aucune base légale, puisque le fond du dossier n’a jamais été contesté par AARNA GEMS.

Des complicités au sein de l’administration minière ?

Le comportement d’AARNA GEMS et l’attitude de certains responsables de l’administration minière soulèvent plusieurs interrogations :

Pourquoi la société a-t-elle bénéficié d’une telle protection malgré les décisions de justice ?

Comment expliquer la lenteur et les manœuvres dilatoires visant à empêcher l’exécution d’un arrêt clair de la Cour d’appel ?

Quels sont les soutiens dont bénéficie AARNA GEMS en Guinée ?

Ces questions restent en suspens, mais une chose est sûre : le dossier Fako Resources est révélateur des pratiques opaques qui gangrènent le secteur minier guinéen.

L’affaire, qui a déjà traversé plusieurs instances judiciaires, risque de devenir un symbole de la lutte contre l’impunité et la corruption dans le secteur des mines en Guinée.

Affaire à suivre…

 

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