Ibrahim Boubacar Keïta a remporté le second tour de la présidentielle. Il arrive en tête avec 67,17% des suffrages, face à Soumaïla Cissé, crédité de 32,83%. Ces résultats doivent désormais être validés par la Cour constitutionnelle.
Cinq ans plus tard, l’issue du match retour a donc été la même. D’après les résultats provisoires rendus publique par le ministère de l’Administration territoriale, les Maliens ont décidé de reconduire Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au Palais de Koulouba. Au second tour, le président sortant totalise 67,17% des suffrages. Un score largement supérieur à celui de l’opposant Soumaïla Cissé, qui ne récolte que 32,83% des suffrages exprimés, au terme d’une joute électorale marquée par de nombreux défis sécuritaires et par des tensions entre acteurs politiques.
Le président français Emmanuel Macron et le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, ont été les premiers à contacter Ibrahim Boubacar Keïta pour le féliciter de sa réélection, selon une source proche de la présidence. La cérémonie d’investiture devrait avoir lieu le 22 septembre, de même source.
Dans le détail, les chiffres rendus publics jeudi 16 août à 9 h 45, heure de Bamako, sont les suivants :
Nombre d’inscrits : 8,462 millions
Nombre de votants : 2 763 339
Bulletins nuls : 856 536
Suffrages exprimés : 2 677 803
Taux de participation : 34,54 %
Ibrahim Boubacar Keïta : 1 798 632 voix, soit 67,17 %
Soumaïla Cissé : 879 235 voix, soit 32,83 %
Abstention et tensions
La bataille n’aura que peu passionné les Maliens. Si, en 2013, l’envie de tourner la page après le coup d’État militaire avait poussé la majorité des électeurs à se rendre aux urnes, la présidentielle de 2018 a en revanche été marquée par un fort taux d’abstention : le taux de participation à ce second tour a en effet été de 34,84%.
IBK, qui avait largement devancé son challenger au premier tour (41,70% contre 17,78%), partait favori dimanche 12 août. Dans l’entre-deux tours, Soumaïla Cissé n’a pas réussi à réunir autour de sa candidatures les principaux candidats malheureux de l’opposition.
Soumaïla Cissé isolé
L’opposant aura maintenu jusqu’au bout sa volonté de participer au second tour, « dans une démarche patriotique et démocratique », contre l’avis de la majorité des autres candidats, qui souhaitaient, eux, un retrait du processus. En cause : la transparence du scrutin, dont l’opposition estime qu’il a été entaché de « fraudes » et d’irrégularités.
Soumaïla Cissé, qui avait reconnu sa défaite face à IBK avant même la publication des résultats, lors de la présidentielle de 2013, a opté cette fois pour une contestation franche.
« La fraude, elle est avérée ! C’est pour ça qu’il y a des résultats que nous n’accepterons pas. Ceux qui ont fraudé, ce sont eux qui embrasent le pays », a-t-il indiqué lundi, affirmant que les résultats compilés par sa propre équipe lui donnaient la victoire avec un score de « 51,93% contre 47,53% pour le président de la République (sortant) » – avant le piratage de son système informatique, dimanche dans la nuit.
« Nous allons utiliser toutes les méthodes possibles pour que la vérité soit établie », assurait alors le chef de file de l’opposition.
Les missions d’observation ont pour leur part déploré les nombreux incidents ayant émaillé le scrutin, tout en saluant l’amélioration de son organisation au second tour. Lundi 13 août, le gouvernement a indiqué que 490 bureaux de vote (sur les 23 000 prévus) n’avaient pu ouvrir la veille pour des raisons de sécurité. Ils étaient 871 au premier tour.
« Je peux affirmer que nos observateurs n’ont pas observé de fraudes mais des problèmes d’irrégularités procédurales », tels « deux cas de procès-verbaux pré-signés et préremplis » avant même la fin du scrutin, a notamment déclaré Cécile Kyenge, la chef de la mission d’observation de l’Union européenne (UE).
Elle a également appelé « les candidats à se tourner vers les voies légales en cas de contestation et à s’en référer à la Cour constitutionnelle du Mali », alors que les deux camps alimentaient depuis dimanche des rumeurs sur leur victoire respective.
JeuneAfrique