LE GENERAL SEKOUBA KONATE : « Je suis très inquiet pour la Guinée »

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Bruxelles. Dimanche 29 d’avril 2018. Il fait plutôt doux. La circulation dense. Dans un costume griffé sans cravate, décontracté, très bonne mine, le général Sékouba Konaté sort d’un vaste immeuble de  la capitale belge. « Comment ça va » ? lance t-il , tout souriant. Au volant d’un véhicule, un de ses fidèles. Il se vautre à l’arrière du bolide. Il accepte de répondre à toutes les questions de maliglobe.com et de La Lettre confidentielle du Mali (LCM).

Question :

Comment vous vous portez ?

Réponse :

Je me porte bien grâce à Dieu.  Mon dernier bilan médical est excellent. Je me suis totalement remis de l’accident domestique survenu, il y a quelques années à Addis-Abeba. J’ai retrouvé mon rythme de travail normal. Ma journée ? Réveil très matinal, footing, et je vaque à mes occupations. Je fais la navette entre Bruxelles, Paris, et plusieurs autres capitales européennes.

Question :

Vous suivez évidemment la situation dans votre pays. Pourquoi vous n’êtes pas sur place à Conakry ?

 Réponse :

Posez la question aux autorités guinéennes. Je suis considéré comme une peste par certains.

Question :

Vous ne répondez pas à ma question….

Réponse :

Il y a mille manières de répondre à une question monsieur le journaliste. Vous savez la Guinée ne se porte pas bien aujourd’hui. On n’a pas besoin d’être savant ou prophète pour le savoir. Je suis très inquiet pour mon pays.

Question :

Vous voulez dire que M. Alpha Condé gouverne mal ? Qu’il a échoué ?

Réponse :

Quand vous avez au total Plus de 90 morts ces dernières années lors de manifestations autorisées par les lois officielles, pensez-vous que c’est une bonne chose ? Non on ne peut pas se réjouir de la situation. C’est le rôle de l’Etat de former les forces de l’ordre et les leaders des manifestations.

Question :

Le pouvoir guinéen affirme quand même qu’il y a des casseurs parmi les manifestants.

Réponse :

Parmi les personnes tuées, il y a de nombreux jeunes. De très jeunes guinéens. Même des mineurs. Si nous avons des mineurs-casseurs, c’est encore plus grave. Ça veut dire que le régime a échoué dans l’éducation de sa jeunesse. Et celui qui échoue dans l’éducation de sa jeunesse, a tout simplement échoué dans la vie. Je ne dis pas sur la scène politique seulement, mais je dis dans la vie. Le chemin à faire dans mon pays, est encore long. Et comptez sur moi pour faire avancer les choses..

Question :

Comment ?

Réponse :

De manière démocratique bien sûr. Ceux qui ont toute leur vie réclamé la démocratie et qui sont aux affaires, ont échoué. Le peuple doit clairement ouvrir les yeux et voir cette réalité. Les guinéens savent où ils veulent aller. Il faut les écouter.

Question :

Actuellement se déroule en Guinée le procès de l’ancien Gouverneur de Conakry Sekou Resco Camara poursuivi pour « racisme, ethnocentrisme, régionalisme … » Votre nom est cité.

Réponse :

Je connais très bien l’ancien Gouverneur de Conakry. Et il me connaît très bien. Je ne suis accusé de rien par les intervenants dans ce procès. Je suis du reste très serein. (…) Mais mon point de vue dans ces procès liés aux violations des droits de l’homme dans mon pays ? Les affaires de crimes de masse commis ? Il faut envoyer tous les dossiers à la Cour Pénale Internationale (CPI). Il faut délocaliser ce genre de procès pour la sérénité des débats. J’ai déjà été à titre personnel effectué une visite à la CPI, et je suis prêt à contribuer à la manifestation de la vérité sur tous les crimes commis dans mon pays. Je suis un militaire et le militaire, le véritable militaire est un homme d’honneur. Je suis un homme d’honneur. Partout où je suis passé, en Sierra Léone, au Libéria, en Ethiopie, où à la tête de la Guinée, mon seul objectif a été de servir mon pays. Sur les terrains de guerre, j’ai vu ce que les conflits peuvent entraîner. Je ne souhaite que la paix à mon pays.  Pour mon pays, je veux aussi la bonne gouvernance. Lorsque j’entends le nom de mon pays cité dans l’affaire « Vincent Bolloré », je ne suis pas content.

Question :

Quelles sont vos projets aujourd’hui.

Réponse :

Dans l’immédiat, je prends les contacts nécessaires au tour de l’Affaire de Sahara Occidental.

Question :

C’est à dire ?

Réponse :

Pour le moment, je n’en dirai pas plus.

Question :

Et votre projet de livre

Réponse :

Il avance… J’ai mon agenda.

Entretien accordé à Bruxelles à maliglobe.com et la Lettre confidentielle du Mali (LCM)

 

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