Artisanat : immersion dans l’univers difficile des cordonniers de Conakry

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La cordonnerie ne date pas d’aujourd’hui. Ce métier, dont les matériaux sont essentiellement constitués de peaux et de caoutchouc, est exercé dans aussi bien dans les grandes villes de la Guinée que dans certains villages. A Conakry, on rencontre de nombreux cordonniers qui exercent ce métier pour pouvoir joindre les deux bouts dans une conjoncture plus que difficile, a constaté Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

De nos jours, beaucoup de citoyens se retrouvent dans ce métier dans le but de tirer leur épingle du jeu. Certains d’entre eux, rencontrés ce lundi 9 avril 2018, ont expliqué à notre reporter les raisons de leur choix pour ce métier et les conditions dans lesquelles ils l’exercent.

C’est le cas d’Armand Patrick, cordonnier qui réside à Koloma depuis 2015, dans la commune de Ratoma. Ce jeune ivoirien, diplômé de l’Université de Cocody, s’est lancé dans ce métier depuis son enfance en Côte d’Ivoire. Selon lui, « la cordonnerie consiste à fabriquer, réparer, rénover ou décorer des articles tels que des chaussures, des sacs, ceintures et autres objets en cuir et ses dérivées. Dans le travail, tant au niveau de la fabrication qu’au niveau de la réparation, le cordonnier découpe, assemble et monte les différents éléments formant les chaussures en collant, piquant ou en cousant ».

Armand Patrick utilise le cuir, le caoutchouc, le tissu, et autres pour la confection de ses produits. Pour ce qui est de l’assemblage, il utilise « ensemble ou séparément les éléments tels que la colle, les clous, les ficelles et les rivets ».

En ce qui concerne l’obtention des matières premières, Armand Patrick dit qu’il lui faut parfois aller à l’intérieur, comme à Labé, pour trouver les peaux. Pour ce qui est de son revenu, le cordonnier dit que « ça varie. Ça va de 35 mille francs guinéens à 230 mille francs guinéens par jour. Mais parfois, il n’y a rien ».

Une fois fabriqués, les prix des produits du cordonnier varient selon les modèles. « Ça dépend de la qualité des chaussures. Il y en a pour les bébés à 20 mille FG ou 25 mille FG. Pour les grandes personnes, il y en a qui se négocient entre 35 mille et 60 mille francs guinéens. Généralement, c’est à l’occasion des fêtes que ça marche. À l’heure là, vue la conjoncture, ça ne marche pas tellement. Mais, comme ça ne pourri pas, on attend, il faut être patient, c’est Dieu qui donne », lance-t-il, fataliste.

Chez Mamadou Saliou Diallo et Ousmane Diallo, tous rencontrés à Bambéto, dans la commune de Ratoma, le constat est presque le même.

Mamadou Saliou Diallo explique avoir opté pour la cordonnerie dans le souci d’aider ses parents. « J’ai étudié jusqu’en 6ème année en Côte d’Ivoire. Mais, mes parents n’avaient pas les moyens pour me soutenir. C’est ainsi que j’ai abandonné les études et commencé ce métier pour aider mes parents. Je fais ce métier là, je ne gagne pas beaucoup parce que le moment est dur. Mais avec ça, je gagne ma vie et j’aide mes parents. Si ça marche, je peux gagner jusqu’à 200 mille voire 300 mille francs guinéens. Par fois je ne gagne rien aussi, mais c’est mon métier ».

De son côté, Ousmane Diallo est diplômé en soudure au Centre de Formation Professionnelle de Donka. Il dit avoir appris ce métier parallèlement à ses études. « Après mes études, j’ai trouvé que je ne pouvais pas être engagé à la fonction publique, et le privé demandait du financement. Je me suis rabattu sur ce métier depuis 1984. Depuis, ma famille et moi nous vivons de ça ».

Pour lui, par manque de financement, la cordonnerie se fait en Guinée de façon traditionnelle alors qu’on pouvait la moderniser pour permettre aux artisans de produire beaucoup et en bonne qualité. Il a aussi souhaité qu’il y ait des produits chimiques pour le tannage des peaux. Toute chose qui pourrait rendre très beaux les produits et le coût moindre.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

 

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