Lettre ouverte à Monsieur Charles Alphonse Wright
Monsieur le Procureur Général
Il y a quelques petites années, vous étiez un obscur magistrat que personne ne connaissait hormis certains de vos collègues qui se plaignaient des relations très difficiles qu’ils entretenaient avec vous dans le cadre de la collaboration. C’est à la faveur de la décision que vous avez rendue dans un dossier concernant Oumar Sylla dit Foniké Mènguè que le citoyen lambda a commencé à entendre parler de vous. La « renommée » que vous eue dans cette affaire n’était pas due seulement à la décision jugée courageuse, selon beaucoup de juristes, que vous avez rendue dans cette affaire. Elle s’expliquait aussi et surtout par le revers judiciaire qu’avait subi Monsieur Sidy Souleymane N,’Diaye, à l’époque procureur de la République près le Tribunal de Première lnstance de Dixinn, qualifié de bras judiciaire du 3ème mandat de Alpha Condé et auquel tous les citoyens épris de justice en voulaient. Les échos de cette décision, les commentaires flatteurs des avocats du FNDC et de beaucoup d’autres observateurs ont très largement contribué à faire de vous ce que vous êtes devenu aujourd’hui. Sinon, avant vous, d’autres jeunes magistrats avaient eu à prendre des décisions très courageuses dans les procès contre les membres ou responsables du FNDC. Ces derniers, quant à eux, sont restés très sobres et moins volubiles. C’est cela un magistrat fut-il du parquet : la modération, la tempérance, la retenue.
Monsieur le Procureur Général
La sagesse vous commande d’avoir constamment à l’esprit que c’est l’opinion publique qui vous a fait et qui vous a construit, la même opinion peut vous défaire et vous déconstruire. Vous n’avez qu’à demander à Monsieur Sidy Souleymane NDiaye.
En effet, à force de vous épancher quotidiennement dans les médias, même quand ce n’est pas nécessaire, en faisant ombrage parfois aux procureurs d’instance, vous risquez de perdre toute crédibilité. En prenant un exemple sur ce qui se passe en France, en dépit des attentats terroristes que le pays a connus, on a rarement vu un Procureur Général dans les médias. La tâche de communiquer était essentiellement dévolue au Procureur de Paris. Nous suivons tous l’actualité. Votre besoin sans limite de paraître et d’être sous les projecteurs risque de vous conduire dans une situation que vous pourriez regretter. En restant réservé et mesuré, vous incarnez plus votre fonction.
Monsieur le Procureur Général
Sachez que les médias construisent mais détruisent plus rapidement encore. Plus vous vous exposez dans les médias, plus vous exposez vos limites. En effet, comment pouvez-vous parler d’existence juridique concernant une structure qui n’en a besoin ?
Le FNDC est un mouvement citoyen qui n’a besoin ni d’agrément ni d’autorisation. Il continuera à exister en dépit des obstacles que vous semblez vouloir lui imposer. Alpha Condé et son régime n’ont pas pu faire tomber le FNDC, personne d’autre n’y arrivera. C’est un état d’esprit.
SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC
MEMBRE DU RÉSEAU AFRIKKI NETWORK