Conakry : le CNRD invite la société civile et les partis politiques à une rencontre (Communiqué)

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Chers compatriotes,
Le geste que nous posons aujourd’hui n’est pas un coup d’Etat mais une action
inaugurale permettant de créer les conditions d’un Etat. Plus précisément un Etat droit. Car I’histoire politique de notre pays, marqué par
des violences, des injustices et inégalités, prouve qu’en Guinée la volonté du plus fort a toujours supplanté le droit, et donc que depuis l’accession à l’indépendance l’esprit autoritaire a triomphé sur l’esprit du juste et du raisonnable. Et c’est d’ailleurs parce que nous jugeons cette situation profondément anormale et injustifiable que nous avons décidé d’agir, de poser un geste autour duquel nous voulons mobiliser toutes les bonnes consciences afin de sortir notre pays de la malédiction politique.

Chers compatriotes,
Notre action n’a rien d’un coup d’État. II traduit seulement l’aspiration légitime des personnes à vouloir vivre dans un
environnement où les besoins humains de base peuvent être satisfaits; où il est possible à chacun, sans crainte, de jouir de la vie, d’étudier, de se soigner, de travailler humblement sans être soumis aux contraintes de réseaux informels; où enfin le pouvoir est responsable de sa population.

Nous ainsi réconcilier la politique et l’humain.
Notre geste donc n’est rien d’autre que l’expression de notre désir de dignité que
certainement vous partagez avec nous. Or, c’est parce que le respect de notre dignité
est bafoué depuis 1958 par une minorité qui confisque le pouvoir et ses avantages
économiques que nous avons pris l’initiative,
convoquées par le sens du devoir, de créer les
conditions d’un nouveau départ politique et social. L’action que nous accomplissons
aujourd’hui se veut par ce fait même un premier pas. Un moment inaugural.

Chers compatriotes
Nous n’avons aucune mission prophétique.
Ce n’est pas le peuple de Guinée que nous voulons sauver, mais la Guinée avant tout. Car un peuple ne peut pas être sauvé alors que l’espace dans lequel il vit est un enfer. Il faut éteindre le feu d’abord. C’est ce rôle de
pompier que nous avons voulu assumer.

Notre pays ne souffre pas d’un manque de
ressources humaines, moins encore est-il victime d’une précarité des ressources
naturelles. Non nos maux se nomment manque de courage politique; tyrannie de
l’argent; extraversion; absence de moralité
collective. Ce dont nous manquons et que nous avons manqué, ce sont des hommes capables de traduire politiquement et
économiquement cette richesse qu’est la Guinée. Notre problème, ce n’est même pas l’absence de démocratie, mais le manque de vision, de valeur politique et sociale. C’est pour mettre fin à cet aveuglement volontaire, qui a rendu misérable la vie du Guinéen, que nous décidons aujourd’hui d’assumer notre
responsabilité. Pour que nous autres guinéens accédions enfin à la lucidité, celle qu’exige Justement l’état de droit.

Aux partenaires extérieurs de la Guinée, nous ne demandons pas forcément un soutien financier, mais une compréhension de votre part. Avant de brandir l’idée de restauration de l’État, demandez-vous avant s’il n’a jamais existé un Etat en Guinée. Avant de brandir
des sanctions, cherchez à savoir si la sanction n’a toujours pas été le lot infernal des Guinéens, de Sékou Touré à Alpha
Condé. Nous, nous contestons notre condition injuste; nous jugeons que notre situation politique n’est pas acceptable et est humaine condamnable. Nous espérons de votre part donc un soutien moral.

Nous invitons tous les responsables de la société civile et les différents partis
politiques a une rencontre d’urgence pour que collectivement nous sortions de ce moment inaugural et amorcer la seconde étape, celle d’organiser la société guinéenne sous les principes de l’État de droit. Ce qui inclura essentiellement une réorganisation de l’armée afin de mettre un terme à sa
longue et tragique politisation.

Colonel Mamady Doumbouya
Fait à Conakry le 5 septembre 2021

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