Insulteurs publics en Guinée : le business florissant et le salaire de l’immoralité (Par Paul Kamano)

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Les réseaux sociaux censés être un espace de discussion et d’échange sont devenus de nos jours en Guinée, une porte ouverte à d’incompréhensibles dérives verbales. Nul n’est à l’abri des sorties outrageuses des acteurs de ce nouveau métier, qu’il s’agisse des autorités gouvernementales, les cadres administratifs et institutionnels, les diplomates, les entrepreneurs  et acteurs économiques, les autorités religieuses, les artistes, les footballeurs, les mécènes,  les citoyens ordinaires etc…personne n’est épargnée, nous sommes tous « des cibles potentielles »! de ces insulteurs publics avec son cocktail de dérapages, de diffusion de fausses nouvelles, de diffamation, de calomnie, de dénigrement public, de règlements de compte, d’escroquerie, d’enregistrement sans consentement, de harcèlement, de menaces, de chantage, de transfert illégal de données à caractère personnel, de partage d’images, de photos et de vidéos obscènes occupant l’espace médiatique et  laissant croire que internet est un monde sans gouvernement. C’est justement ce qui m’amène à parler de ces insulteurs publics, une réalité amère dans notre société. Chaque jour que Dieu fait, ils commettent toutes ces infractions énumérées ci-haut.

Ces insulteurs, tout en eux, est une insulte à l’intelligence humaine. Ils aboient sur les réseaux sociaux au lieu de parler. Les insultes de tous ordres sortent de ce qui leur sert de bouche, sans gêne. Ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, se croient permis de dire des choses insupportables, des insanités de tous ordres sur de respectables gens. Impunément. Sans retenue, ils saliront l’image de gens qu’ils ne connaissent même pas. Le tort de ces personnes qu’ils ne connaissent pas, ce n’est ni que ces insulteurs ne soient pas d’accord avec elles sur tel ou tel sujet, ni encore qu’ils sachent de quoi il s’agit, mais tout simplement parce que ces personnes ont osé exprimer leur désaccord sur un sujet donné, à l’opposé de l’opinion surtout d’un homme politique avec qui ils se sentent si en phase, ou même d’une star de football ou de la musique. Ils s’en prennent sans gêne en toute impunité à l’élite gouvernentale, institutionnelle, administrative, entrepreunariale, diplomatique, etc…sans raison aucune…il se raconte dans la cité, alors vrai ou faux, qu’il y’a des rabatteurs, ceux qui sont chargés de les utiliser, moyennant paiement. De respectables gens n’hésiteraient pas à les utiliser pour, dit-on « détruire » leurs adversaires. Le code : « Mon petit, tiens ! Descends dans la boue et tu le détruis ». Et ça pique comme une guêpe. Et çà paie. Comment se recrutent-ils ? Au nombre du buzz. Quelle fierté en tirent-ils, ceux qui sont payés pour jouer ce rôle insupportable ? Ceux qui les financent et qui entretiennent ce réseau ? C’est l’argent, finalement, tapis dans l’ombre, ceux qui ont les moyens leur donnent. De l’argent gaspillé pour, dit-on, les défendre sur les réseaux sociaux.

L’industrie de ce sale boulot. On les recrute un peu comme au football. Qui a le talent à faire plus de buzz sera le plus sollicité. Regardez nos chaînes, nos réseaux sociaux, nos pages Facebook, Twitter, TikTok ! Le buzz, le clash et la vulgarité réunis. On fabrique même. Du bidonnage. Le soi-disant buzz que recherchent frénétiquement les nouveaux médias à l’heure du Scoop a donné naissance à une nouvelle forme…d’influenceurs. En fait des insulteurs. Il y’en a même qui ont, dit-on, des numéros précieux qui leur donnent la force de déverser des tombereaux d’insultes sur d’honnêtes citoyens. Rien ne leur arrivera. Sinon, il y’a longtemps qu’on l’aurait su. Pire dans une Guinée où certains médias loin de vérifier à la source, tirent des informations sur les réseaux sociaux, cela en dit long sur le degré d’intox, de fakes et de rumeurs dans notre pays. Il est impératif que le CNRD engage une régulation des réseaux sociaux, c’est une exigence sociale et sociétale parce qu’il y va de la stabilité de notre pays et de notre co-existence pacifique. Prions Dieu, que de lourdes sanctions dans l’extrême rigueur de la loi s’applique contre les insulteurs publics sur les réseaux sociaux, l’unique solution pour l’hygiène mentale de notre pays.

NB: Pour ceux qui confondront tout, j’ai tenu à différencier des insulteurs publics des autres acteurs de l’internet.  « Est appelée blogeur, une personne ayant créé un bloc, son journal ouvert à tous sur un site internet.  Un influenceur est une personne qui utilise les réseaux sociaux, les blogs, les vidéos et autres moyens de communication sur le Web pour diffuser les opinions auprès des internautes qui est capable d’influencer ces derniers en modifiant leurs modes de consommation.  Est considérée comme activiste, une personne qui s’attache à une cause politique, économique, environnementale ou sociale et qui milite intensément pour la défendre à travers la publication sur les réseaux sociaux ». Il convient de souligner que la diffusion de contenu audiovisuel de tout site de blogeur, d’activiste ou d’influenceur disposant de 25000 abonnés en ligne n’a pas le caractère de correspondance privée.  Cette clarification est mieux pour faire le distingo entre les autres acteurs et les insulteurs publics. Tout acteur qui abandonne sa ligne pour se comporter de manière injurieux sur ses réseaux, est un insulteur public.

KP

Entrepreneur et Activiste

 

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