Il est à la fois curieux et révélateur de constater que ceux qui ont accompagné le feu Président Général Lansana Conté dans ses dernières années de gouvernance, alors que le pays traversait une profonde fatigue institutionnelle et sociale, n’ont jamais eu le courage de démissionner, malgré l’évidence d’un système à bout de souffle. Ces mêmes figures, qui avaient choisi le confort du silence à l’époque, se permettent aujourd’hui d’exiger la démission de ceux qui s’efforcent de refonder ce pays.
Le paradoxe est encore plus saisissant lorsqu’on se penche sur la gouvernance d’Alpha Condé. Pendant plus d’une décennie, alors que les résultats tardaient à venir et que le pays sombrait dans des crises récurrentes, aucun de ses collaborateurs n’a eu l’audace de tirer les conséquences de cet échec en quittant volontairement leurs fonctions, à l’exception notable de son Ministre de la Justice de l’époque, qui avait eu le courage de démissionner sans chercher à calculer des gains politiques futurs. Alpha Condé lui-même, incapable de réaliser les transformations qu’il avait promises, s’est obstiné à se maintenir au pouvoir, souvent au mépris des principes démocratiques fondamentaux.
Et pourtant, aujourd’hui, ces mêmes acteurs politiques, dont le passé est marqué par l’inaction et la complaisance, osent donner des leçons à ceux qui, avec détermination et résilience, travaillent à reconstruire une nation profondément affectée par des décennies de mauvaise gouvernance. Ce comportement n’est rien d’autre qu’une hypocrisie flagrante et un refus de faire face à ses propres responsabilités.
La refondation : un défi de taille
Refonder un pays est une tâche titanesque, qui exige non seulement du courage et une vision à long terme, mais aussi une capacité à encaisser les critiques, y compris celles qui émanent de ceux qui ont eux-mêmes échoué. Ceux qui se battent aujourd’hui pour donner un nouveau visage à la Guinée méritent, sinon un soutien unanime, au moins une critique constructive et respectueuse.
La responsabilité, clé de la crédibilité
Le véritable défi pour notre classe politique réside dans la capacité à incarner la responsabilité. Exiger des autres ce que l’on n’a jamais su incarner soi-même est une démonstration non seulement d’incohérence, mais aussi de malhonnêteté intellectuelle. La Guinée a besoin de leaders intègres, capables de reconnaître leurs erreurs passées et de contribuer de manière positive à la construction de l’avenir, plutôt que de s’illustrer par des déclarations démagogiques et contre-productives.
Une opportunité unique pour l’avenir
La transition actuelle offre une opportunité inédite de tourner définitivement la page des pratiques politiques révolues. Il est impératif que chacun joue un rôle constructif, en mettant de côté rancunes personnelles et ambitions égoïstes. Ceux qui, dans le passé, ont manqué de courage ont encore une chance de se racheter en soutenant le véritable changement, plutôt que de s’ériger en donneurs de leçons.
La refondation de la Guinée appelle à un engagement collectif, mais surtout à une cohérence entre les discours et les actes. La critique a sa place dans une démocratie, mais elle doit être portée par des voix crédibles, capables de proposer des alternatives sérieuses et de respecter les institutions en place. À défaut, elle ne sera qu’un écho stérile d’hypocrisie, un obstacle à la construction d’une Guinée forte, unie et tournée vers l’avenir.